Textes philosophiques

Louis Lavelle   la conscience nous libère des limites du moi


    L'être qui se regarde comme un objet se rejette dans l'univers pour devenir le spectateur de lui-même; mais alors il est déjà au-dessus de cet être qu'il regarde. L'être que je connais en moi n'est plus moi dès que je le connais: il est déjà un autre. Ainsi la conscience est un acte par lequel je deviens toujours supérieur à moi-même (...) Mais la conscience en ouvrant devant nous l'infini, nous montre la misère de toutes nos acquisitions. A quoi servirait la conscience, si elle enfermait le moi dans sa propre clôture? Mais, en la lui découvrant, elle l'invite sans cesse à la franchir. Et c'est parce qu'elle est désintéressée qu'elle nous délivre de notre attachement à nous-même et par conséquent de nos limites (...) La conscience nous relève de cet être individuel qui s'agite en chacun de nous, qui frémit, qui désire et qui souffre. Mais en prendre conscience c'est cesser de s'identifier avec lui. Le moi ne se réalise qu'en se tenant aussi éloigné que possible de cette idée même du Tout dont il n'est qu'une partie, mais avec laquelle il communique et où il puise un perpétuel enrichissement. Le mystère du moi, c'est de n'être que désir, de ne s'accomplir qu'en sortant de soi et, pour ainsi dire, d'être là où il n'est pas plus encore qu'où il est. Il n'a la certitude de se découvrir que quand il se délivre de soi; et il n'y a point pour lui d'autre vie que de se quitter sans cesse et de se réfugier sans cesse dans un autre moi plus vaste qui est toujours au-delà de lui-même. »

 

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