Textes philosophiques

Louis Lavelle    grâce et liberté


    Grâce : mouvement accordé avec ce qui s'offre et qui se refuse un instant pour montrer qu'il s'y accorde.

   Presque toute la volonté est appliquée à résister à la grâce. La grâce est un autre nom de la liberté. Mais la volonté est tout le contraire. C'est ce que Sartre n'a pas su voir.

   La différence entre la nature et la grâce, c'est à nous à l'effectuer à chaque instant, comme celle de l'âme et du corps, et à faire que la puissance créatrice en nous devienne nature ou grâce.

   La chance qui n'est qu'un autre nom de la grâce (ceux qui le nient ne parlent que du déterminisme, qui ne règne pas dans le même monde, et qui en est pourtant l'expression).

   La grâce et la liberté c'est la même chose, mais on confond la liberté avec le libre arbitre qui permet seulement le détachement à l'égard du sensible.

   On peut bien dire que l'homme est l'image de la liberté : c'est participant qu'il faudrait dire (réalité ou absence de la participation, c'est toute la différence avec Sartre qui n'a pas de métaphysique).

   L'expérience de l'infini, c'est l'expérience de la liberté. C'est l'expérience primitive plus encore que celle du Cogito. C'est l'expérience même de l'infini qui est transférée ensuite à l'espace et au temps définis comme les chemins ou les moyens de la liberté. C'est là l'expérience de l'infini en puissance qui n'a de sens qu'à condition que je puisse l'appuyer sur l'infini en acte qui n'est jamais un infini chose. C'est là qu'est la difficulté. Le problème métaphysique c'est le problème de l'expérience de la liberté et des conditions qu'elle implique par opposition à l'expérience scientifique qui est l'expérience de l'objet. Il était naturel d'exclure l'expérience de la liberté aussi longtemps que l'on prenait l'expérience des choses comme modèle de l'expérience tout court.

   La liberté ne peut pas être pour nous un moyen de nier l'existence d'un univers spirituel dans lequel il nous appartient au contraire de nous établir.

   La liberté intériorité infinie et dépassement infini de soi (et dont les œuvres sont la limitation) ou qui ne crée rien et s'épuise dans le consentement ou le refus.

   La liberté est une acquisition. Elle est la participation assumée. Autrement elle n'est que subie ; impossibilité de ne pas exercer la liberté par laquelle nous posons notre être propre.

   Elle ne réside pas dans la séparation, mais dans l'accord.

   Chercher le point où la liberté et l'amour coïncident. Ce point justement qu'ignore Sartre.

   Le propre de la liberté n'est pas seulement de me faire choisir entre des possibles dans le temps, mais de me faire choisir entre le temps et l'éternité, ou plutôt de me permettre de préférer toujours l'éternité au temps.

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