Textes philosophiquesPierre Lévi la rencontre du dragon de l'inconscient"Un jour ou l’autre, il faut affronter son dragon. Chacun de nous a dans sa vie un monstre différent. Ce qui semble terrible aux uns n’est pour les autres qu’une gêne passagère. Mais pour tous il existe une «grande peur», un Minotaure au centre de son labyrinthe intérieur, une bête immonde qui arbore notre visage. Un jour, il faut se battre pour soi, pour sa propre cause, non pour quelque finalité élevée, sociale, politique, humanitaire, spirituelle ou autre. Décides-toi à affronter ce qui t'empêche de vivre pleinement. Guerroie pour ta vie. Bats-toi contre ta grande peur. Aujourd’hui est un bon jour pour accepter le combat, cesser de fuir, lutter avec ce qui te terrifie le plus. Comprends-tu que les gens et les situations qui font ton malheur sont les déguisements de cette peur, les masques du dragon qui t'habite ? Toute vie contient une descente en enfer. Le labyrinthe est une représentation classique du monde infernal (le roi Minos était juge des enfers), mais aussi de la matrice. Comment sortir du Labyrinthe ? Comment revenir du pays des morts ? Comment ressusciter ? Comment renaître ? Comment naître ? Thésée, comme tous les héros, combat le monstre avant de rejoindre (ou de libérer) la princesse. La princesse, ou Ariane, est sa part féminine, l’anima, sa part d’émotion et de douceur. C’est parce qu’il est relié à sa partie féminine par un fil, parce qu’il est relié avec lui-même, qu’il peut vaincre sa peur (le Minotaure) et devenir libre (sortir du Labyrinthe). Il est suffisamment sûr de son identité sexuelle pour accepter sa part féminine. C’est l’énergie de l’union avec soi, de la rencontre avec soi-même (le fil qui relie Ariane à Thésée), qui lui permet de devenir libre. Devenir libre, devenir un et vaincre sa peur sont une seule et même chose. Ariane, comme toutes les compagnes des héros, libère sa part masculine, sa part de force et de courage. Le héros qui libère la princesse enfermée émancipe son propre côté féminin. Le dragon, c’est toujours la peur, la peur d’être soi... ou de n’être plus soi si l’on se libère. Le scénario qui a pris possession de notre être et dans lequel nous nous sommes enfermés : voila notre dragon. Affronter le dragon consiste à retrouver la situation, exactement la situation dans laquelle le piège s’est refermé. Revenir à l’instant de la chute, au lieu même ou nous avons perdu la liberté. A la phrase qui nous a condamné. A l’âge où nous avons perdu la vue. Nous devons retrouver cet instant que nous voulons fuir de toutes les cellules de notre être. Et là, il faut rejouer la partie mais, cette fois-ci, en sortant du piège par le haut. Si l’événement a engendré la peur ou l’orgueil, en sortir par la plénitude ou l’humilité. En sortir par l’innocence si la situation fondatrice a engendré la culpabilité. Héros, princesse et dragon sont une seule et même personne. Je ne peux apprécier la femme en toi que parce que ma dimension féminine est capable de la reconnaître. Je ne peux aimer la femme en toi que parce que j’aime en moi la femme. Tu ne peux aimer l’homme pleinement homme en moi que parce que tu as en toi cette dimension de virilité assumée, pleinement réalisée, aimée. Alors tu peux aimer l’homme que je suis, sans m’envier ma virilité, sans craindre mon étrangeté. De même, mon amour pour toi n’est mélangé d’aucune jalousie envers ta féminité triomphante, d’aucune peur, parce que cette féminité est aussi en moi. L’amour est implication réciproque des âmes et de leurs différences. Une « identité » qui n’implique pas les identités différentes qu’elle rencontre est une identité morte, réactive, haineuse, impuissante. Aimer, c’est éveiller l’autre en soi. Lâche prise totalement sur les opinions que les autres ont de toi. Détaches-toi complètement des images et des représentations que tu te fais de toi-même. Abandonne complètement toute idée de mérite ou de culpabilité, d’infériorité ou de supériorité. Tu n’as rien à « prouver », ni à toi ni aux autres. Cesse de te demander qui tu es. L’identité est un joug : on ne peut te manipuler que parce que tu as une image de toi-même. Pierre Lévy J’existe est le titre le plus haut". J'existe est le titre le plus haut, .
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