Textes philosophiques

Nisargadatta Maharaj Bien et mal, nécessaire et inutile


"Q- Les hommes de sagesse et d'amour qui vinrent avant vous, mirent de l'ordre en eux-mêmes, parfois au prix d'immenses efforts. Quel en est le résultat? Une étoile filante, si brillante soit-elle, ne rend pas la nuit moins noire.

M - Pour les juger et juger leurs travaux, il faut que vous deveniez l'un d'entre eux. La grenouille dans sa mare ne connaît rien des oiseaux qui sont dans les cieux.

Q - Vous voulez dire qu'il n'y a pas de mur entre le bien et le mal?

M - Il n'y a pas de mur parce qu'il n'y a ni bien ni mal. Chaque situation ne comporte que le nécessaire et l'inutile. Ce qui est nécessaire est bien, ce qui ne l'est pas est mal.

Q - Qui en décide?

M - La situation en décide. chaque situation est un défi à relever. Quand la réponse est bonne, nous l'avons relevé avec succès et le problème disparaît. Si la réponse est mauvaise, nous avons échoué et le problème reste irrésolu. Vos problème non résolus - voilà ce qui constitue votre karma. Résolvez les correctement et vous serez libre.

Q - Il me semble que vous me ramenez toujours à moi. Les problèmes du monde n'ont-ils pas de solution objective?

M - Les problèmes du monde furent créés par d'innombrables personnes qui vous ressemblaient, chacune pleine de ses désirs et de ses peurs. qui peut vous libérer de votre passé individuel ou social, si ce n'est vous même? Et comment y parviendrez-vous si vous ne percevez pas le besoin urgent que vous avez d'être d'abord libéré de vos passions nées de l'illusion? Comment pouvez-vous véritablement aider tant que vous avez vous-même besoin d'aide?...

Q - L'homme est stupide, égoïste, cruel.

M - L'homme est aussi sage, aimant, bon.

Q - Pourquoi la bonté ne règne-t-elle pas ?

M - Elle le fait - dans mon monde, le monde réel. Là, même ce que vous appelez le mal sert le bien, il est par conséquent nécessaire. Il est comme les furoncles et la fièvre qui purifient le corps de ses impuretés. La maladie est douloureuse, dangereuse même, mais convenablement traitée, elle assainit.

Q - Ou tue.

M - Dans certains cas, la mort est le meilleur remède. Une vie peut être pire que la mort qui n'est que rarement une expérience déplaisante, quelles que soient les apparences. Ayez donc pitié des vivant, non des morts. Cette question des choses bonnes ou mauvaises n'existe pas dans mon monde. Le nécessaire est bien, le non-nécessaire est mal. Dans le vôtre, le plaisant est bon, le pénible mauvais.

Q - Qu'est-ce qui est nécessaire?

M - Croître est nécessaire, se dépasser est nécessaire. Laisser derrière soi le bon pour le meilleur est nécessaire.

Q - A quelle fin?

M - La fin est dans le commencement. Vous finissez là d'où vous êtes parti - dans l'absolu.

Q - Mais alors, pourquoi se donner toute cette peine? Pour en revenir à mon point de départ.

M - La peine de qui? Quelle peine? Avez-vous pitié de la graine qui va se développer et se multiplier jusqu'à ce qu'elle devienne une puissante forêt? Tuez-vous l'enfant pour lui épargner l'ennui de vivre? Qu'y a-t-il de mal dans la vie, toujours plus de vie? Débarrassez-vous des obstacles à la croissance et tous vos problèmes personnels, sociaux, économiques et politiques se dissoudront tout simplement. En tant que tout, l'univers est parfait et l'effort du particulier vers la perfection est un chemin de joie. Sacrifiez de bon coeur l'imparfait au parfait et il ne sera plus question de bien et de mal.

Q - Et malgré tout, nous avons peur du meilleur et nous nous attachons au pire.

M - C'est là notre bêtise, qui frôle la folie.

Je suis entretiens avec Maurice Frydman, trad. française, S. Josquin, p. 299-301. Les deux Océans.

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