DocumentsKarl Marx la révolution socialeLes révolutions antérieures avaient besoin des réminiscences de l'histoire universelle pour s'étourdir sur leur propre contenu. La révolution du XIX è, siècle doit laisser les morts enterrer leurs morts pour en venir à son propre contenu. Là, la phrase excédait le contenu ; ici, le contenu dépasse la phrase… Les révolutions bourgeoises comme celles du XVIII siècle volent rapidement de succès en succès, leurs effets dramatiques rivalisent les uns avec les autres, les hommes et les choses semblent sertis d'un feu de diamants, l'extase est l'esprit de chaque jour ; mais elles ont la vie courte ; à peine ont-elles atteint leur point culminant qu'une longue gueule de bois s'empare de la société avant qu'elle n'apprenne à s'approprier, une fois dégrisée, les résultats de sa période de tempête'. Les révolutions prolétariennes au contraire, comme celles du XIX, siècle, se critiquent constamment elles-mêmes, s'interrompent sans cesse dans leur propre marche, reviennent sur ce qui semblait acquis, pour le recommencer à nouveau, raillent cruellement les demi-mesures, les faiblesses et les misères de leurs premiers essais, semblent n'abattre leur adversaire que pour mieux lui permettre, une fois à terre, de puiser de nouvelles forces et de se redresser à nouveau face à elles, plus colossal encore, et ne cessent chaque fois de reculer d'effroi face à l'énormité indéterminée de leurs propres fins, jusqu'à ce qu'il se crée une situation où toute marche arrière est devenue impossible. Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, GF p. 55-57.
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