Textes philosophiques

Serge Mongeau    la simplicité volontaire


    "La simplicité volontaire, pour sa part, est une voie qui convient à ceux qui ont connu la surconsommation, ont pris conscience de ses effets et choisissent de retourner à l'essentiel.

    Il ne faut pas confondre simplicité volontaire et pauvreté; cette dernière vient de circonstances  qui sont imposées et la condition qui en résulte est pénible. Quand on choisit volontairement de vivre sobrement, il en va tout autrement. On ne vit pas de frustration, puisqu'on ne se prive pas d'un bien, mais on choisit plutôt de le remplacer par autre chose qui apporter davantage. Ce dépouillement laisse plus de place à la conscience; c'est un état d'esprit qui convie à apprécier, à savourer, à rechercher la qualité; c'est renoncer aux objets qui alourdissent, gênent et empêchent d'aller au bout de ses possibilités. "Ce n'est pas la richesse qui fait obstacle à la libération, mais l'attachement à la richesse; ce n'est pas non plus le plaisir que procurent les choses agréables qui est condamnable, mais le désir ardent de les obtenir, "écrit Schumacher (1).

    La simplicité volontaire, quand elle entraîne la non-utilisation ou la non-possession de quelque chose, implique un choix: ne pas adopter tel comportement ou ne pas acheter tel objet implique un autre choix qui procure aussi une satisfaction, ne serait-ce que celle d'être fidèle à ses principes et aux engagements qu'on s'est donnés.

    Choisir de ne pas utiliser tel service, de ne pas céder à telle mode, de consommer autrement et à moindre coût, tout cela relève d'actes de lucidité et de conscience et non de la fatalité. de toute façon, quand on s'engage volontairement sur cette voie alors qu'on sait qu'on pourrait faire autrement, on domine la situation au lieu d'être dominé par elle. Si la direction que l'on prend ne convient plus à un certain moment, il y est toujours possible de la rectifier. Ce n'est pas une décision irrévocable, relevant d'un radicalisme qui interdit quelque concession que ce soit ou d'une règle rigide de laquelle on ne peut jamais déroger. La simplicité volontaire et un chemin sur lequel on s'engage peu à peu, duquel on s'écarte parfois sans se morigéner; un chemin qu'on poursuit parce qu'il nous mène là où nous voulons aller, parce qu'il nous satisfait.

    Simplicité n'est pas non plus ascétisme; c'est même presque son antithèse. L'ascète se prive volontairement des plaisirs de la vie matérielle dans sa recherche d'une vie spirituelle plus intense: l'adepte de la simplicité volontaire ne fuit pas le plaisir ou la satisfaction, au contraire puisqu'il cherche à s'y épanouir pleinement, mais il a compris qu'il ne peut arriver par les voies que lui offre la société de consommation. "

La simplicité volontaire, plus que jamais, Montréal, Ecosociété, p.235-236.

(1) Schumacher 

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