Textes philosophiques

Félix Ravaisson     beauté et symétrie


    "Maintenant l'action créatrice se révèle non pas tant encore dans les formes que dans les mouvements pour lesquels sont faites les formes, non pas tant encore par la beauté que par la grâce dont un poète a dit : plus belle encore que la beauté. Les Grecs disaient ce qu'a répété Vitruve en l'appliquant à l'architecture : la beauté a deux parties, la symétrie et l'eurythmie, celle-ci supérieure à celle-là.

      La symétrie est la correspondance des parties qui les rend commensurables les unes avec les autres, car tel est le sens du mot. De tous les êtres l'homme est celui où la symétrie est la plus parfaite, les parties y étant les plus proportionnées entre elles et avec le tout. C'est chez lui, par exemple, que les différents membres ont la dimension et la force qui répondent le mieux aux dimensions et à la force les uns des autres et du corps et de la tête. Mais la symétrie ne suffit pas à la beauté ; il y faut de plus, a dit Plotin  , la vie de laquelle témoigne le mouvement. Le mouvement s'estime par le temps et le nombre. C'est ce que dit le mot eurythmie. Rythme c'est nombre, et eu  ou « bien », signifie que c'est chose qui s'estime par sentiment plutôt que par jugement. Le mouvement qui fait bien et qu'apprécie ainsi la sensibilité, c'est la grâce. Vie, nombre, grâce, c'est ce qui fait véritablement, en la parfaisant, la beauté. Et c'est ce que la nature montre plus que partout ailleurs dans la figure humaine".

Testament philosophique (1901), éd. Boivin, 1933, p. 81

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