Textes philosophiquesSartre la bestialité en l'homme"Le siècle eût été bon si l’homme n’eût été guetté par son ennemi cruel, immémorial, par l’espèce carnassière qui avait juré sa perte, par la bête sans poil et maligne, par l’homme. Un et un font deux, voilà notre mystère. La bête se cachait, nous surprenions son regard, tout à coup dans les yeux intimes de nos prochains : alors nous frappions : légitime défense préventive. J’ai surpris la bête, j’ai frappé, un homme est tombé, dans ses yeux mourants, j’ai vu la bête, toujours vivante, moi. Un et un font deux ; quel malentendu ! De qui, de quoi, ce goût rance et fade dans ma gorge ? De l’homme ? de la bête ? De moi-même ? " Les séquestrés d’Altona, 1959, Gallimard.
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