Textes philosophiquesSimone Weil capitalisme et oppressionMarx rend admirablement compte du mécanisme de l'oppression capitaliste. Mais on a peine à se représenter comment ce mécanisme pourrait cesser de fonctionner. On ne retient de cette oppression que l'aspect économique, à savoir l'extorsion de la plus-value. Mais Marx a bien montré que la véritable raison de l'exploitation des travailleurs, ce n'est pas le désir qu'auraient les capitalistes de jouir et de consommer, mais la nécessité d'agrandir l'entreprise le plus rapidement possible afin de la rendre plus puissante que ses concurrentes. Or ce n'est pas seulement l'entreprise, mais toute espèce de collectivité travailleuse, quelle qu'elle soit, qui a besoin de restreindre au maximum la consommation de ses membres pour consacrer le plus possible de temps à se forger des armes contre les collectivités rivales ; de sorte qu'aussi longtemps qu'il y aura, sur la surface du globe, une lutte pour la puissance, et aussi longtemps que le facteur décisif de la victoire sera la production industrielle, les ouvriers seront exploités. Lorsque la révolution se fait dans un pays, elle ne supprime pas pour ce pays, mais accentue au contraire la nécessité d'exploiter et d'opprimer les masses travailleuses, de peur d'être plus faible que les autres nations. C'est ce dont l'histoire de la révolution russe constitue une illustration douloureuse. Oppression et liberté, Gallimard, 1955, p.60. Indications de lecture :(Attention de ne pas confondre avec la femme politique qui s'écrit Veil).
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