Textes philosophiquesSureshvara Le Soi et la pensée"11. Le fait d'être Eveil immuable et d'être interne appartient toujours et par essence au Soi et cela est la cause du fait de l'être connaisseur et de l'être Je. Aussi le Soi est-il indiqué par ces deux aspects. On déclare la différence de l'être connaisseur et de l'être interne qui caractérise la pensée et ont pour cause le fait d'être interne et le fait d'être Eveil immuable. 12. Pour la pensée, être connaisseur, c'est être agent et, en tant que Je, elle est objet. De même que les deux sont dans la pensée, de même leurs causes sont une dans le Soi. 'Comme dans la pensée, de même leurs causes dans le Soi', cette extension pourrait entraîner (pour le Soi) une multiplicité, si l'on pose qu'il a les même propriétés que la pensée. On dit pour le nier: 13. La pensée comporte une distinction d'attribut et de sujet porteur. Comme cela ne se trouve précisément pas dans le Soi, (en lui) d'être lumière et d'être interne ne se différencient pas, par impossibilité d'une cause de différenciation. 14. Dans aucun des trois états d'être, Eveil et être interne ne sont différencié, ni ne sont jamais vu séparément comme le je et son connaisseur. Puisque la pensée, qui a l'inconnaissance seulement comme cause matérielle, est différenciée et non le Soi, ce qui suit se trouvé établi: 15. Parce qu'il est Eveil immuable, le Soi interne est non-duel et immédiat. La pensée est connaissante de par l'Eveil immuable, car de par elle-même, elle est périssable. Maintenant on caractérise le Soi immuable et le Je qui se transforme, dont il vient d'être question. 16. Ce dont la forme propre est connue par le moyen d'une reconnaissance sur la base d'une différence, c'est (le Je) sujet de transformation, comme le corps. 17. Mais ce qui est au-dessus, et du genre et de la différence, et qui existe en vertu de sa propre grandeur et le Soi inchangeant, comme l'espace dans les pots etc. On dit que le Soi et la pensée ont nature d'éveil et d'intériorité. On déclare les caractères distinctifs. 18. L'intériorité de la pensée est relative au corps, etc. Tandis que celle du Soi est sa nature propre, comme le creux pour l'espace. 19. De même que l'éveil appartient à la pensée parce qu'elle est la cause de la production des pensées, tandis que celui Soi est sa forme propre, comme les montagnes sont stables. Le non-éveil au Soi seul fait qu'il y ait relation entre le Soi immuable et le (je) qui se transforme, mais en réalité on ne peut rendre compte d'aucune relation entre eux. 20. Le vrai, le douteux, le faux, particularise la pensée seulement. Leur rejet et l'appropriation sont surimposés par égarement à la Vision." La démonstration du non-agir, traduction par Guy Maximilien, Editions du Boccard, Paris, 1975, p. 71-72.
Indications de lecture:Sureshvara est un disciple direct de Shankara, et le Naiskarmyasiddhi est un petit traité indépendant appartenant au courant du Vedânta, le sixième système de philosophie classique de l'Inde. Le Vedânta est appelé aussi advaita, : la non-dualité. Ce passage expose la nature du Sujet pur, l'âtman, le Soi. Noter la référence aux trois états relatif de conscience (veille, rêve, sommeil profond), le Soi est décrit comme quatrième état, turiya, sous-jacent aux trois autres. Le Soi n'est pas identifié à la pensée. Il précède toute pensée et l'éclaire, car il est Pure Intelligence et Pure Conscience. Si la pensée fulgure dans le Temps, le Soi, dont provient ultimement toute pensée est lui intemporel. Le terme sanskrit aham est le Je, le concept d'ego est lui noté ahamkara. Le suffixe kara est veut dire "fait de", (racine KRI agir, karma: action). Noter que siddhi veut dire "perfection". donc: perfection du non-agir. Ce type d'analyse se retrouve dans les dialogues de Ramana Maharshi. cf. L'enseignement de Ramana Maharshi, Albin-Michel, collection "spiritualité vivante". Il explicite très bien la nature du véritable Je, comme pulsation du Soi. Le Soi est accessible directement en s'immergeant dans le "je suis".
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