Textes philosophiquesHenry David Thoreau existence commune, désespoir tranquille" L'existence que mène généralement les hommes, en est une de tranquille désespoir. Ce qu'on appelle résignation n'est autre chose que du désespoir confirmé. De la cité désespérée vous passez à la campagne désespérée, et c'est avec le courage du vison et du rat musqué qu'il vous faut vous consoler. Il n'est pas jusqu'à ce qu'on appelle les jeux et divertissements de l'espèce humaine qui ne recouvre un désespoir stéréotypé, quoi qu'inconscient. Nul plaisir en eux, car celui-ci vient après le travail. Mais c'est un signe de sagesse que de ne faire de choses désespérées. Si l'on considère ce qui, pour employer les termes du catéchisme, est la fin principale de l'homme, et de que sont les véritables besoins de l'existence, il semble que ce soit de préférence à tout autre, que les hommes, après mûre réflexion, aient choisi leur mode ordinaire de vivre. Toutefois, ils croient honnêtement que nul choix ne leur ait laissé. Mais les natures alertes et saines ne perdent pas de vue que le soleil s'est levé clair. Il n'est jamais trop tard pour renoncer à nos préjugés. Nulle façon de penser ou d'agir, si ancienne soit-elle, ne saurait être acceptée sans preuve. Ce que chacun répète en écho ou passe sous silence comme vrai aujourd'hui peut demain se révéler mensonge, simple fumée d'opinion, que d'aucuns avaient pris prise pour le nuages appelé à répandre sur les champs une pluie fertilisante ". Walden ou la vie dans les bois, Gallimard, p. 12. Indications de lecture:La formule : une vie de désespoir tranquille est étudiée dans la leçon sur l'accomplissement de la relation. Voir la leçon sur le monde des opinions.
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