Textes philosophiquesFrancisco Varela L'action spontanée en-deçà du jugement moral«Nous devons cependant nous poser une question: pourquoi confondre le comportement éthique et le jugement moral? La réponse que la majorité des gens apportent à cette question correspond au point de vue occidental et orthodoxe, et non à ce qu’ils font dans la vie quotidienne. Ce point est capital. Considérons une journée normale. Vous marchez tranquillement dans la rue, en réfléchissant à ce que vous devez dire à une prochaine réunion. Vous entendez le bruit d’un accident, ce qui vous incite immédiatement à voir si vous pouvez être d’un quelconque secours. Ou bien, vous arrivez au bureau et, constatant l’embarras de votre secrétaire sur un certain sujet, vous détournez la conversation par une remarque humoristique. Les actes de ce type de sont pas le fruit du jugement ou du raisonnement, mais d’une aptitude à faire face immédiatement aux événements. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que nous accomplissons ces gestes parce que les circonstances les ont déclenchés en nous. Il s’agit pourtant de véritables actions éthiques: en fait, elles représentent le type le plus courant de comportement éthique dont nous faisons preuve dans la vie de tous les jours.»
Francisco Varela, “Quel savoir pour l’Éthique”, La Découverte, Paris, 1996, 2004, pp. 18-19.
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