Textes philosophiquesLanza del Vasto le jeu du personnage et l'egoLe moi qui dit moi n'est pas le vrai moi. Rejette-toi sans cesse, replace-toi devant toi-même comme un objet pour te connaître. Le moi connu, devenu autre, c'est le personnage, celui que les autres connaissent et qu'ils jugent. Faible et vain il se moule aux jugements d'autrui. Fort, il porte signification de toi parmi les hommes. Faible et vain il est peut-être encore de force à t'escamoter car c'est un tour de l'amour-propre que de ne rien laisser en propre à tel qui le cultive. Le vaniteux, dit-on, n'aime que soi, ne sert que soi. En vérité il ne s'aime pas du tout et s'ignore tout à fait : il s'amuse à servir de jouet et de reflet à l'opinion des autres. Fort aux yeux des gens et représentatif, peut être ton personnage te remplace au lieu de te représenter. Pauvre ami, tu n'es plus là derrière ton personnage : il t'a dévoré depuis longtemps. C'est pourquoi il ne représente rien, c'est pourquoi sa force ne sert à rien, ou plutôt sert le Rien, sert le Mal qui est le néant servi par la force. Principe et préceptes du retour à l'évidence, Gonthier, p. 91. Indications de lecture:Rapprocher d'Aurobindo qui dit des choses très semblables. Lanza del Vasto est un disciple direct de Gandhi.
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