Textes philosophiquesJean Pierre Dupuy le capitalisme et la catastrophe" La crise financière de l'automne 2008 est un épiphénomène, un symptôme. Il faut beaucoup d'arrogance — de la part de ceux qui s'estiment en position de "refonder le capitalisme" — ou de naïveté — de la part de ceux qui, ne l'ayant pas vu venir, la comparent à une catastrophe naturelle, un « tsunami » — pour penser qu'elle marque une rupture fondamentale dans l'histoire du monde et qu'il y aura un avant et un après. Il s'agit plutôt d'un soubresaut, particulièrement important, certes, dans une évolution de la société mondiale qui peut la mener, soit vers l'abîme, soit vers une humanité globale consciente de son destin commun.Bien avant que cette crise n'éclate, nous savions que le mode de vie des sociétés dites développées n'était pas généralisable à toute la planète ni susceptible de se perpétuer indéfiniment. Viendrait donc un moment où la conscience de cette double impossibilité serait telle que la complexe et fragile logique des anticipations, qui soutient la croissance du capitalisme, se déréglerait et même s'effondrerait brutalement. De même que la pyramide de Madoff n'est stable que si l'on croit qu'elle va s'évaser à perpétuité, de même que le mécanisme des subprimes implique que l'on se persuade que la valeur des biens immobiliers continuera toujours de grimper, et que tout se casse la figure au moment où l'on comprend qu'il n'en est rien, le capitalisme s'effondrera lorsqu'on cessera de croire à son immortalité. Nous en sommes encore loin". Indications de lecture:L'auteur est connu pour son livre : Pour un catastrophisme éclairé.
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