Texte philosophique :

Umberto Eco     Sur la querelle des universaux


    Certes ce type d’empreintes m’exprimait, si tu veux, le cheval comme verbum mentis et me l’eût exprimé partout où je l’aurais trouvé. Mais l’empreinte en ce lieu précis et à cette heure me disait qu’au moins un cheval, parmi tous les chevaux possibles, n'était passé par là. Si bien que je me trouvais `a mi-chemin entre l’acquisition du concept de cheval et la connaissance d’un cheval individuel. Et en tout cas ce que je savais du cheval universel m’était donné par la trace, qui était singulière. Je pourrais dire qu’`a ce moment-là j’étais prisonnier entre la singularité de la trace et mon ignorance, qui prenait la forme extrêmement diaphane d’une idée universelle [. . .] Ainsi les idées, dont j’usais précédemment pour me figurer un cheval que je n’avais pas encore vu, étaient de purs signes, comme les empreintes sur la neige étaient des signes de l’idée de cheval : et on use des signes et des signes dans le seul cas o`u les choses nous font défaut. D’autres fois je l’avais entendu parler avec un grand scepticisme des idées universelles, et grand respect des choses individuelles. »

Le Nom de la Rose, Grasset, 1985.

 Indications de lecture:

Voir le texte de Duns Scot.

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