Textes philosophiques Annie Ernaux la
dictature de la consommation
Les lieux où s'exposait la marchandise étaient de plus en plus grands,
beaux, colorés, méticuleusement nettoyés, contrastant avec la désolation des
stations de métro, la Poste, et les lycées publics, renaissant chaque matin
dans la splendeur et l'abondance du premier jour de l’Éden.
A raison d'un pot par jour, un an
n'aurait pas suffi à essayer toutes les sortes de yaourts et de desserts
lactés. (...) Les aliments étaient soit "allégés" soit "enrichis" de
substances invisibles, vitamines, oméga 3, fibres. Tout ce qui existe,
l'air, le chaud et le froid, l'herbe et les fourmis, la sueur et le
ronflement nocturne, était susceptible d'engendrer des marchandises à
l'infini (...). L'imagination commerciale était sans bornes. Elle annexait à
son profit tous les langages, écologique, psychologique, se parait
d'humanisme et de justice sociale, nous enjoignait de "lutter tous ensemble
contre la vie chère", prescrivait : "faites-vous plaisir", "faites des
affaires". Elle ordonnait la célébration des fêtes traditionnelles, Noël et
la Saint-Valentin, accompagnait le ramadan. Elle était une morale, une
philosophie, la forme incontestée de nos existences. La vie. La vraie.
Auchan.
C'était une dictature douce et heureuse contre
laquelle on ne s'insurgeait pas, il fallait seulement se protéger de ses
excès, éduquer le consommateur, définition première de l'individu.
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