Textes philosophiques
Georges Gusdorf le signe est supérieur au signal
"L'avènement
du mot manifeste la souveraineté de l'homme. L'homme interpose entre le
monde et lui le réseau des mots et par là devient le maître du monde.
L'animal ne connaît pas le signe, mais le
signal seulement, c'est-à-dire la réaction conditionnelle à une situation
reconnue dans sa forme globale, mais non analysée dans son détail. Sa
conduite vise l'adaptation à une présence concrète à laquelle il adhère par
ses besoins, ses tendances en éveil, seuls chiffres pour lui, seuls éléments
d'intelligibilité offerts par un événement qu'il ne domine pas, mais auquel
il participe. Le mot humain intervient comme un abstrait de la situation. Il
permet de la décomposer et de la perpétuer, c'est-à-dire d'échapper à la
contrainte de l'actualité pour prendre position dans la sécurité de la
distance et de l'absence.
Le monde animal apparaît ainsi comme une
succession de situations toujours présentes et toujours évanouissantes,
définies seulement par leur référence aux exigences biologiques du vivant.
Au contraire, le monde humain se présente comme un ensemble d'objets,
c'est-à-dire d'éléments stables de réalité, indépendants du contexte des
situations particulières dans lesquelles ils peuvent intervenir. Par delà la
réalité instinctive et momentanée offerte à la prise de conscience la plus
spontanée, se compose une réalité en idée, plus stable et plus vraie que
l'apparence".
La parole. P.U.F. p. 10-11.
Indications de lecture:
Un des meilleurs livres de Gusdorf
avec La vertu de force. Cf.
Recherches sur le langage.
Distinction classique en linguistique que celle du signe et du signal.
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