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Textes philosophiquesGeorges Gusdorf remarques sur l'aphasie"Rien ne met mieux en lumière le privilège du langage dans la constitution du monde que la contre-épreuve réalisée par les maladies du langage. L'aphasique, en qui sont atteintes les structures de la parole, n'est pas simplement privé d'un certain nombre de mots, incapable des désignations correctes. Cet aspect de son mal, longtemps considéré comme essentiel, n'est en fait que secondaire. Le malade est un homme en qui la fonction du langage se défait, c'est-à-dire que toute l'articulation intellectuelle de l'existence se trouve chez lui en voie de liquidation. L'aphasique perd le sens de l'unité et de l'identité de l'objet. Dans un monde cassé, incohérent, il est captif de la situation concrète, condamné à un mode de vie végétatif. Il n'y a donc pas à proprement parler de maladies du langage, mais des troubles de la personnalité, où le patient se trouve désadapté de la réalité humaine, et comme déchu de cet univers dans lequel l'émergence de la parole l'avait fait entrer. Les termes qui rassemblaient [12] sous une même étiquette des objets ou des qualités identiques ne parviennent plus à exercer leur fonction disciplinaire. Tout ce que le langage avait donné, l'aphasie le remporte. Sinistre destruction d'une vie personnelle ainsi exclue de la communauté humaine". La parole. P.U.F. p. 11-12. Indications de lecture: Un des meilleurs livres de Gusdorf avec La vertu de force. Hélàs, Gusdorf s'égare dans ce passage qui est intégralement faux. Dominique Laplanne, spécialiste de l'aphasie contredit radicalement ce point de vue dans La pensée d'outre-mot. Une mise au point salutaire et définitive contre les préjugés de la linguistique dont est victime Gusdorf. Cf. dans Recherches sur le langage. le chapitre VI. Reste que ce que Gusdorf dit au sujet de la communication est très pertinent.
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