DocumentsPaul Jorion Séparer travail et revenu"Séparer travail et revenus permet d'envisager les choses dans la perspective de l'an 2000 tel qu'on l'imaginait vers les années 50 : le travail, devenu rare dans un monde où la productivité croît par l'automation, n'est nullement une malédiction, mais, au contraire, une bénédiction. Cela dit, si le travail apparaît aujourd'hui comme une denrée rare, n'est-ce pas surtout parce que l'on ne vise, dans le meilleur des cas, qu'à ralentir ou interrompre la destruction massive de l'environnement entreprise à l'avènement de la révolution industrielle, sans jamais songer à le reconstituer vraiment ? Le restaurer dans un état d'équilibre optimal entre lui et nous, qui sommes l'une de ses composantes, requerrait un effort considérable qui nous occuperait à temps plein pour des dizaines d'années au moins ! Voilà qui nous astreint maintenant à un choix : continuer comme avant de lier les revenus au travail pour la vaste majorité de la population, ou dissocier les deux - instaurer un système où les revenus proviendraient d'une autre source que le travail, ou garantir au moins à chacun des revenus assurant une vie décente, indépendamment du travail effectué, et laisser au travail le soin de procurer des revenus supplémentaires, ceux qui pourvoiront, par exemple, au débours superfétatoires, aux dépenses de luxe". Le Capitalisme à l'Agonie Fayard, 2011, p.331-332. Indications de lecture:cf. Le sens du travail, part B. Réflexion sur le Travail, le revenu de base.
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