Textes philosophiquesVictor Cousin Je m'aperçois comme sujet«Ce que je sais le mieux, c'est-à-dire le plus immédiatement, c'est moi-même. Dans tout fait intellectuel, dans toute pensée, dans toute connaissance, je m'aperçois moi-même comme le sujet de ce fait comme le sujet de la pensée ou de la connaissance, comme l'élément constitutif et fondamental de la conscience ; car sans moi, tout est pour moi comme s'il n'était pas; sans le moi, le moi ne connaît rien, ne sent rien, ne se rappelle rien, n'abstrait rien, ne combine rien, ne raisonne sur rien. Il peut bien j avoir la matière d'une pensée, d'une sensation, d'un jugement, d'un souvenir, d'un raisonnement; mais le MOI n'en sait rien et n'en peut rien savoir, s'il n'est pas. Le MOI est donc l'élément nécessaire de toute pensée. Dira-t-on que le moi c'est la pensée même, c'est à-dire la sensation, le jugement, etc., réunis dans une unité collective qu'on appelle moi ? Mais je sens et je sais que le MOI n'est pas seulement un lien logique et verbal, inventé pour exprimer l'union de mes pensées, mais quelque chose de réel qui les unit et en forme une chaîne continue, en tant qu'il est dans chacune d'elles. Je sens et je sais fort bien encore que le moi n'est pas plus une circonstance, un degré d'une pensée particulière, qu'il n'est le lien verbal de plusieurs pensées. Je sais qu'il n'est pas vrai que la sensation ou le souvenir, ou le désir, dans un certain degré de vivacité, deviennent moi, mais que c'est moi qui constitue la sensation ou le désir en m'ajoutant à un certain mouvement, à de certaines affections sensibles qui ne s'intellectualisent en quelque sorte, et ne deviennent pour moi sensation ou désir qu'autant que j'en prends connaissance. Indications de lecture:Cf. Leçon La nature du sujet conscient.
|