|
Textes philosophiquesDiderot L'homme et l'animal, la raison"Pourquoi l’homme est-il perfectible et pourquoi l’animal ne l'est-il pas ? L’animal ne l'est pas, parce que sa raison, s’il en a une, est dominée par un sens despote1 qui la subjugue2 . Toute l’âme du chien est au bout de son nez, et il va toujours flairant. Toute l’âme de l’aigle est dans son œil, et l’aigle va toujours regardant. Toute l’âme de la taupe est dans son oreille, et elle va toujours écoutant. Mais il n’en est pas ainsi de l’homme. Il est3 entre ses sens une telle harmonie qu’aucun ne prédomine assez sur les autres pour donner la loi à son entendement ; c'est son entendement au contraire, ou l’organe de sa raison qui est le plus fort. C'est un juge qui n'est ni corrompu ni subjugué par aucun des témoins ; il conserve toute son autorité, et il en use pour se perfectionner : il combine toutes sortes d’idées et de sensations, parce qu’il ne sent rien fortement. Réfutation d’Helvétius (1786) 1 « despote » : tyran 2 « subjuguer » : dominer totalement 3 « il est » : il existe Indications de lecture :1. Dégager l’idée principale de ce texte et les étapes de son argumentation. 2. Expliquer les expressions suivantes : a) L’homme est « perfectible » ; b) « Toute l’âme de l’aigle est dans son œil, et l’aigle va toujours regardant » ; c) « C'est un juge qui n'est ni corrompu ni subjugué par aucun des témoins ». 3. La raison est-elle indépendante des sens ?
|