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Textes philosophiquesDurkheim l'homme transmet son expérienceOn voit à quoi se réduirait l’homme, si l’on en retirait tout ce qu’il tient de la société : il tomberait au rang de l’animal. S’il a pu dépasser le stade auquel les animaux se sont arrêtés, c’est d’abord qu’il n’est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels, mais coopère régulièrement avec ses semblables ; ce qui renforce le rendement de l’activité de chacun. C’est ensuite et surtout que les produits du travail d’une génération ne sont pas perdus pour celle qui suit. De ce qu’un animal a pu apprendre au cours de son existence individuelle, presque rien ne peut lui survivre. Au contraire, les résultats de l’expérience humaine se conservent presque intégralement et jusque dans le détail, grâce aux livres, aux monuments figurés, aux outils, aux instruments de toute sorte qui se transmettent de génération en génération, à la tradition orale, etc. Le sol de la nature se recouvre ainsi d’une riche alluvion1 qui va sans cesse en croissant. Au lieu de se dissiper toutes les fois qu’une génération s’éteint et est remplacée par une autre, la sagesse humaine s’accumule sans terme, et c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même. Mais, tout comme la coopération dont il était d’abord question, cette accumulation n’est possible que dans et par la société.
Education et sociologie
(1922) 1 « alluvion » (nom féminin) : mélange de
matières minérales et végétales accumulées et portées par les cours d’eau,
riches en nutriments variés. Indications de lecture:Texte donné en 2017 en terminales technologiques. Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux
questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre
rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent
que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble. 2. Expliquer : a) « il n'est pas réduit au seul fruit de ses efforts personnels » ; b) « la sagesse humaine s'accumule sans terme » ; c) « c’est cette accumulation indéfinie qui élève l’homme au-dessus de la bête et au-dessus de lui-même ». 3. La vie au sein de la société est-elle toujours facteur de progrès ?
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