Textes philosophiques

Jacques Ellul         la subversion du christianisme


'Le christianisme a fabriqué une morale, et quelle morale ! La plus stricte, la plus moralisante, la plus infantilisante, la plus débilitante, tendant à faire des irresponsables. (...) Sûrs de leur salut s'ils obéissent à la morale. Et vont défiler toutes les images de la morale sexuelle, de la morale d'obéissance absolue, de la morale du sacrifice, etc. Un christianisme qui est devenu un conservatisme complet dans tous les domaines, politique, économique, social... Que rien ne bouge ! Que rien ne change ! Le pouvoir politique, c'est le bien ; la contestation, la critique, c'est le mal !

Quand le christianisme (s'est massifié), le concept de chrétien (s')est vidé. En effet (...), on ne peut être chrétien qu'en étant en opposition, en prenant une conduite d'opposition. L'opposition supprimée, il n'y a plus de sens à se dire chrétien. La chrétienté a astucieusement aboli le christianisme (...). (...) Le christianisme (authentique) a été aboli par sa propagation.

(La morale a mis) fin à ce que la vérité de Jésus-Christ et la liberté de l'Esprit comportaient de scandaleux, de dangereux, de bouleversant, d'explosif. La voie choisie par les autorités de 'Église pour parer à la perversion de la masse fut la régularisation, alors qu'il aurait fallu - mais c'est bien plus difficile - opposer la sainte folie de la croix à la perverse méchanceté des "hérétiques". C'était prendre un très grand risque, compte tenu de la lourdeur que représentait la "masse des convertis". Si les chrétiens étaient restés le petit nombre, je pense que ce combat eût été possible. (Mais) la masse impliquait l'ordre et la morale.

  • La subversion du christianisme (1984), Jacques Ellul, éd. Seuil, coll. « Empreintes », 1984, p. 25-26, 47-49, 49

Indications de lecture :

Cf.


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