Textes philosophiquesJacques Ellul Quand l'homme est subjugué par les images« Il
est presque impossible à l’enfant, mais aussi à l’homme d’aujourd’hui de
fixer son attention sur autre chose que des images. p. 205.
Mais voici que dans l’univers des images artificielles où nous sommes
plongés, il y a stérilisation, blocage de l’action. Nous constatons une
opposition complète entre l’image et la réalité, l’image transmis par le
cinéma ou la télévision. Elles ne portent à aucune action, elles ne font pas
sortir l’homme de son fauteuil. Au contraire, elles l’enfoncent dans son
atonie. L’homme voit mais reste passif, parce que sur la représentation qui
lui est offerte, il sait qu’il n’a aucune prise. p. 227-228.
Qu’on le veuille ou non, la profusion des images, la beauté des cérémonies,
le triomphe visuel des liturgies, la symbolique purement visuelle, tout cela
fut la source majeure de toutes les erreurs médiévales et postérieures, dans
l’Église romaine et orthodoxe. p. 286-287.
Nous arrivons ici à la plus grande mutation que l’homme ait connue depuis
l’âge de pierre. L’équilibre subtil entre la vue et l’ouïe, la parole et le
geste s’est rompu au profit du signal et de la vue. L’homme occidental
n’entend plus, tout passe par sa vue, il ne sait plus parler, il montre. p.
319.
Là où il y a exclusion ou subordination de la parole, il y a élimination de
la liberté. Quand l’homme est subjugué par les images, il est situé dans un
monde nécessaire et de nécessité. (…) Il accepte la nécessité en même temps
que l’image. p. 346.
L’homme des images est finalement un homme qui a perdu sa liberté profonde
en pénétrant dans ce milieu des images produites par la technique. p. 347.
Les yeux voient le réel et non la vérité. (…) L’homme se réfère sans cesse
à la vue comme critère dernier, et celle-ci est aveugle sur les choses
dernières. p. 390.
L’ordre iconoclaste doit fermement s’attaquer d’abord à l’audiovisuel dont
nous avons dénoncé le mensonge, et dont il faut dire l’extrême danger. (…)
Iconoclasme indispensable à l’égard de cette effroyable machine de guerre
antihumaine qu’est l’audiovisuel, en tout point comparable aux idoles
anciennes pour qui le sacrifice humain était la condition de leur vérité
montrée. p. 402-404.
Indications de lecture :Cf. les autres texte d'Ellul.
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