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Textes philosophiquesJacques Lusseyran le pouvoir de l'attention"L’attention seule commande : c’est elle qui fait l’univers. Je vais donc essayer de rendre ma main attentive ou plutôt de me rendre attentif à travers elle. Pour cela, il n’est à ma connaissance qu’un seul moyen : c’est de ne pas transporter les idées de ma tête jusque dans ma main. [.../...] Eh bien, je le répète, nos idées ont souvent, ont presque toujours tort, non pas d’exister, mais de faire un métier qui n’est pas le leur, de se jeter dans nos jambes, de nous barrer le chemin, de se précipiter en tiers dans toutes nos rencontres". "Et maintenant qu’arriverait-il si tous les hommes étaient attentifs ? [.../...] Affirmer la réalité extérieure c’est vider l’univers de sa substance. Sans la lumière que nous portons en nous, jamais nos yeux ne pourraient s’ouvrir sur les objets lumineux, sur les lumières du monde. Si la vibration fondamentale n’était pas en nous, jamais nous ne pourrions percevoir un son. Si l’amour n’était pas en nous, jamais nous ne pourrions être amoureux de cet être particulier que nous appelons, imprudemment peut-être, « notre amour ». Si Dieu n’était pas en nous, jamais nous ne pourrions espérer devenir des hommes". Le monde commence aujourd’hui. Paris, Silène, 2012, p.403, 158-189. Indications de lectureJacques Lusseyran, aveugle à l’âge de huit ans suite à un accident, s’engage dans la résistance pendant la deuxième guerre mondiale. Il est déporté peu avant ses vingt ans dans le camp de Buchenwald, il y survivra dans des conditions extrêmes. Plus tard il deviendra enseignant en lettres, non sans s’être heurté à son exclusion de l’enseignement public en France en raison de sa cécité. Note de Shanti Rouvier.
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