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Textes philosophiquesHenri Madiney le statut de la réalité"Ce mot « réalité » est lui-même endormi. Il est banalisé par l’usage, usé par les abus de langage, dont le pire est le plus quotidien : toujours parler sans jamais dire. Il est devenu un assignat qui n’assigne plus à rien ; alors que nous ne devrions le prononcer que dans la joie ou dans la crainte et le tremblement"... "Qu’est-ce que la réalité ? Un poète justement, Hugo von Hofmannsthal, a répondu dans l’abrupt : la réalité est une signifiance insignifiable1. Nous ne l’éprouvons que dans le saisissement. Elle nous saisit dans notre existence même qui, tout à coup et telle que nous ne l’attendions pas, s’ouvre à elle-même dans l’instant"... "Elle surgit avec l’événement – qui met tous les signes en déroute. Un événement-avènement ne se produit pas dans le monde. C’est lui qui ouvre le monde. Tous les systèmes de référence jusqu’alors opérants s’effondrent". "La réalité est insignifiable parce que son signe, comme celui de l’existence, est insignifiant et égal à zéro. Exister – au sens non trivial du mot – c’est avoir sa tenue hors de soi. C’est s’advenir, suivant la rigoureuse formule d’André du Bouchet : « en avant de soi, en soi plus avant »1. L’existence n’a pas d’autre expression que son avènement même ? Son absence de signes est ce qui la signifie". L’art, l’éclair de l’être. Seyssel, Comp’act, 1993, p.95, 96. Indications de lecture:
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