Textes philosophiques
Jacques Salome
l'enjeu fondamental pour tout
enfant
L’enjeu fondamental pour tout enfant, pour tout être
venant au monde, c’est d’exister = de sortir de… Si l’on acceptait et
permettait à chaque enfant d’être original, être unique, de ne pas l’obliger
à penser comme son entourage : parents ou enseignants ou frère et sœur.
Devenus adulte peut-être seraient-ils plus fidèles à eux-mêmes. Mieux
comprendre un enfant ce sera renoncer à cette croyance fréquente qui
consiste à ne comprendre ou à ne repérer les comportements qu’en terme
d’amour reçu ou mal reçu (il est bien aimé, il est mal aimé) ou en terme de
satisfaction ou d’insatisfaction (on s’est bien occupé de lui, ou on ne
s’est pas assez occupé de lui). Il ne faut pas ramener tous les
comportements de l’enfant à cela. Je crois que beaucoup de comportements
sont liés au besoin d’être reconnu et de reconnaître, au besoin d’inscrire
(de tisser) son existence dans la vie. Le regard est un moyen vital pour
confirmer l’autre. Ne pas transformer le désir en demande. Dans la
nuque, nous gardons le ressentiment. … ralentir nos gestes. Combien de
fois je vois des caresses qui sont des attaques, des attentions qui sont des
intrusions, des câlins qui sont des prises de possession. Avant, j’avais
des gestes qui voulaient donner ou prendre, maintenant j’ai des gestes qui
proposent [...] les gestes du possible. Des gestes qui relient, prolongent,
amplifient. Certaines relations amoureuses de type coups de foudre vont
avoir cette fonction, le désir de comblement d’une faille archaïque, mais
qui ne sera pas vécu comme tel au présent. Les énergies bloquées nous
empêchent d’être heureux, d’avoir du plaisir à vivre, elles nous paralysent
et nous rendent trop dépendants des changements imprévisibles, mêmes bénins,
qui sont vécus comme des catastrophes. Freud l’avait déjà pressenti, disant
qu’un homme névrosé était comme un pays en état de guerre qui a mis tous les
hommes valides sur la frontière en état d’attaque-défense. S’il y a eu
conception, il y a eu forcément désir. Quand un enfant reste dans le ventre,
c’est qu’il a, lui, le désir de vivre, ce qui est formidable. Il n’a pas
besoin de se faire souffrir avec l’idée que sa mère ne le voulait pas.
Les mères ou les éducatrices qui croient bien faire en se montrant très
participantes, en manifestant leur intérêt (« alors il mange bien ton
nounours ? ») risquent de faire intrusion dans l’espace fragile où l’enfant
absorbé s’échappaient à l’intérieur de lui-même. Parfois il suffit de
regarder, de poser son regard, d’être simplement là. La présence ne doit pas
être confondue avec le faire. Votre enfant rentre de l’école et vous
dit : « Il m’a traité de sale juif » et vous dites :« Attends un peu, je
vais aller lui dire deux mots moi, à celui qui te traite de sale juif ! » Eh
bien non, c’est votre enfant qui vous parle, qui veut être entendu. Nous
nous précipitons sur ce dont il nous parle, a lieu de l’écouter lui.
J’appelle cette dynamique celle du tiers déviant. Quand deux personnes
tentant de communiquer, le contenu ou le support du discours devient un
tiers qui fait écran à l’écoute… Dans les séparations, dire à l’enfant
que vous quittez votre partenaire et non son père (indiquez le prénom et non
le mot papa qui a une signification pour l’enfant), pour lui permettre
d’entendre que c’est le lien amoureux, conjugal qui est rompu, mais non le
lien parental. Le pouvoir de confirmation est fabuleux…. et trop méconnu
par les adultes. Nous pourrions, par exemple, commencer nos réponses par le
mot « oui », le mot le plus merveilleux de la langue française. C’est un mot
sous-utilisé. Un oui de confirmation n’est pas un oui d’accord. C’est donner
la confirmation que l’on a entendu l’autre, là où il est dans ce qu’il vit.
…le terrorisme relationnel des attentes implicites. Chacun d’entre nous a
des attentes, des expectatives non dites, des exigences « évidentes » dans
lesquelles l’autre devrait entrer. Il est plus important de témoigner
devant les enfants plutôt de nos positions différentes que d’un
pseudo-accord.
Papa, maman écoutez-moi vraiment, 1989.
A,
B,
C,
D,
E,
F,
G,
H, I,
J,
K,
L,
M,
N, O,
P, Q,
R,
S,
T, U,
V,
W, X, Y,
Z.
Bienvenue| Cours de philosophie| Suivi des classes| Textes philosophiques| Liens sur la philosophie| Nos travaux|
Informations philosophie.spiritualite@gmail.com |