Textes philosophiques
Laurent
Toubiana le taux d'incidence en épidémiologie
"Le
scénario est maintenant bien rodé. En amont, il commence par des avis de
scientifiques qui, alors que tout est supposé « sous contrôle », annoncent
la possibilité du retour d’une nouvelle vague épidémique. Ces oracles sont
bientôt confirmés par des données venant de pays plus ou moins lointains ;
tout va bien en France, mais ailleurs c’est très grave. Les hypothèses de
nos scientifiques s’avèreraient donc exactes. Les articles de presse
pleuvent sur la panique engendrée dans ces pays et les mesures très dures en
passe d’être mises en œuvre. Ces mesures nous paraissent démesurées, mais
une petite voix nous dit qu’il faut se préparer à ce que ce soit bientôt
notre tour. Enfin, Santé Publique France donne l’estocade et annonce à son
tour une élévation « inquiétante de l’incidence », sans vraiment expliquer
ni de quoi il s’agit exactement, ni en quoi elle est inquiétante. Cette
information est immédiatement relayée par de puissants organes médiatiques.
Elle est ensuite reprise par les autorités qui remettent en place des
mesures contraignantes (masque obligatoire dans toutes les écoles et dans la
rue de départements de plus en plus nombreux). « En même temps », le
porte-parole du gouvernement nous assure de ne pas nous inquiéter. Cela
inquiète encore plus car, à chaque fois qu’il ne faut pas s’inquiéter, nous
pouvons être sûrs du contraire ; cela est en général confirmé quelques jours
plus tard. Le nombre d’articles publiés sur la prochaine vague augmente et
prépare le terrain. « Quelques dissidents » sont invités à s’exprimer pour
faire bonne mesure car nous sommes en démocratie, juste le temps de les
décrédibiliser incompétents, naïfs, inconscients, irresponsables, dangereux,
complotistes. Depuis toujours, une épidémie se
caractérise essentiellement par le nombre de malades et de morts qu’elle
provoque. Ainsi, ce que l’on appelle normalement « incidence » est le nombre
de nouveaux malades en une semaine rapporté à la population, lequel permet
d’évaluer la dynamique d’une épidémie de maladie transmissible à évolution
rapide. L’arrivée des tests et la massification de leur utilisation dévoyée
à partir d’août 2020 a permis de redéfinir l’essence même de la définition
classique de l’épidémie. Dans le cadre de l’épidémie de Covid-19, les
estimations de l’incidence à destination du grand public ne se réfèrent plus
aux nouveaux malades ou morts engendrés par le virus mais à des porteurs de
virus qui, à plus de 80 %, ne sont pas malades et ne le seront jamais. De
fait, le nombre de porteurs de virus est beaucoup plus important que le
nombre de malades ou de morts. Il est donc fallacieux d’utiliser le même mot
« incidence » pour représenter une réalité différente de la définition
communément admise par les épidémiologistes, l’incidence d’une pathologie.
Pourtant, l’incidence d’une pathologie est un outil élémentaire utilisé pour
le suivi de toutes les épidémies sous surveillance depuis des dizaines
d’années (dont la plus emblématique est celle des syndromes grippaux).
Pourquoi n’est-il pas appliqué pour l’événement épidémique du siècle ?
Probablement parce que les incidences de la maladie covid-19 (et non des
tests positifs) sont tellement faibles qu’elles ne peuvent être décemment
invoquées pour justifier les mesures de contrôle qui apparaîtraient à
l’évidence disproportionnées : confinements généralisés de la population,
port du masque obligatoire dans la rue, taux de couverture vaccinale
aberrant, passe sanitaire. Si l’incidence « classique » était utilisée, les
populations n’auraient plus peur et n’accepteraient pas ces mesures
considérées dès lors comme extravagantes".
Indications de lecture :
Episode 68 de l'enquête de Laurent Mucchielli. 26 novembre 2021.
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