Textes philosophiquesThorstein Veblen l'ostentation"La possession et l’entretien d’esclaves employés à la production des biens prouvent la richesse et la vaillance mais l’entretien de serviteurs qui ne produisent rien témoigne de plus de richesse encore et d’élévation. Suivant ce principe, il apparaît une classe de serviteurs, d’autant plus appréciée qu’ils sont plus nombreux, dont le seul office est d’être béatement aux petits soins pour la personne de leur propriétaire et de faire bien remarquer qu’il a de quoi consommer improductivement une importante quantité de services. Le procédé publicitaire se raffine quand la classe fortunée s’est suffisamment élargie, et qu’à loisir elle a pu apprendre l’art d’interpréter les subtilités de l’étalage de dépense. S’habiller de façon « criarde », voilà qui déplaît aux gens de goût, qui dénote l’envie trop voyante de faire grosse impression sur les sensibilités mal éduquées du vulgaire... Pour l’essentiel, le charme des souliers vernis, du linge immaculé, du chapeau cylindrique et luisant, de la canne, de tout ce qui relève la distinction native de l’homme du monde, provient de la pensée qu’ils font naître : il est impossible que ce monsieur mette les mains à aucune pâte et se rende, directement ou indirectement, utile aux autres hommes... Il va sans dire qu’un but de dépense n’a pas besoin d’être exclusivement une occasion de pure perte pour entrer dans la catégorie du gaspillage ostentatoire. Un article peut être utile et futile à la fois, et servir le consommateur par un mélange diversement proportionné d’usage et de gaspillage. Les biens de consommation, et même les biens de production, contiennent généralement ces deux éléments combinés, qui constituent leur utilité ; toutefois, l’élément de gaspillage tend à prédominer dans les articles de consommation, et l’élément d’usage dans les articles destinés à l’emploi productif". Théorie de la classe de loisir Indications de lecture:
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