Textes philosophiques

  Giambattista Vico        l'histoire idéale éternelle


    243. D'abord apparaissent dans l'humanité des caractères cruels et grossiers tels que Polyphème, puis des magnanimes et des orgueilleux comme Achille ; viennent ensuite les braves et les justes tels qu'Aristide et Scipion l'Africain ; plus près de nous l'histoire nous offre l'exemple d'hommes aux apparences vertueuses mais qui cachent des vices profonds, ceux mêmes que le vulgaire entoure d'une véritable gloire tapageuse, tels sont les Alexandre et les César ; puis viennent les caractères réfléchis mais méchants à la manière de Tibère ; ce sont enfin les furieux qui, sans honte, se laissent aller au libertinage, les Caligula, les Néron et les Domitien.

244. Cet axiome montre que les premiers furent nécessaires pour que l'homme, en obéissant à son semblable durant l'état des familles, fut disposé à obéir aux lois durant l'état ultérieur des cités ; les seconds, qui naturellement n'acceptaient point de céder devant leurs semblables, furent nécessaires pour fonder sur les familles les états aristocratiques ; les troisièmes frayèrent la voie à la liberté populaire, les quatrièmes établirent les monarchies, les cinquièmes les consolidèrent et les derniers les renversèrent.

245. Cet axiome rapproché des précédents nous donne une partie des principes de l'histoire idéale éternelle sur le plan de laquelle évoluent dans le temps toutes les nations dans leur naissance, leurs progrès, leur établissement, leur décadence et leur disparition.

Principes d'une science nouvelle relative à la nature commune des nations » Paris, 1953, pages 83 et 84, traduction A. Doubine.

Indications de lecture:

       Cet auteur fait partie de la liste du bac en terminale. Précurseur de la sociologie. Selon lui, l'analyse du développement historique d'un peuple manifeste son identité. Il propose un modèle ternaire, chaque société devant respecter trois étapes de son histoire : l'âge des dieux; l'âge des héros; et l'âge des hommes. A rapprocher d'Auguste Comte et sa loi des trois états. D'un point de vue politique, chacun des  âges fonde une forme de pouvoir, théocratique, aristocratique et démocratique. Mais le moteur n'est pas rationnel, l'homme n'est rationnel au sens cartésien qu'en mathématique.  Vico ne croit pas que la société soit le produit d'une volonté délibérée des hommes, elle est plutôt le résultat d'un très long processus historique de maturation qu'il faut analyser pour en dégager les lois.

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