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Textes philosophiquesSerge Carfantan mon corps n'est pas un corps en généralMon corps n’est ni un corps en général, ou un corps vivant, mais un corps sujet-objet et précisément le lieu de mon incarnation. Or la problématique de l’incarnation n’appartient pas à la science, car elle pose la question de la relation entre le plan physique de l’existence et le plan non-physique. Comme l’a si bien montré Raymond Ruyer, la science en restant dans le champ de l’observable, occulte le participable. Elle prend pour argent comptant le caractère surfaciel de la perception, elle incline de manière décidée la pensée vers le matériel, le dehors, en négligeant la dimension spirituelle, le dedans. « Nous croyons que les choses et les êtres sont comme nous les voyons, tout en peau, extérieure ou faussement intérieure, surface réfléchissant la lumière. Un homme de notre connaissance, nous savons que son corps a un envers, ou plutôt un endroit : sa propre vie et sa propre conscience, parce qu’il nous parle. Un chien aussi atteste son endroit, en protestant quand on lui marche sur la patte. Un arbre que l’on émonde, ou une herbe que l’on foule, ou un cristal que l’on comprime ne protesteront jamais. Aussi nous les considérons comme sans ‘endroit’ comme étant ‘tout corps’… Le matérialisme consiste à croire que ‘tout est objet’, ‘tout est extérieur’, ‘tout est chose’. Il prend pour argent comptant le caractère ‘surfaciel’ de la perception visuelle et de la connaissance scientifique. Il prend pour endroit (right side) l’envers (wrong side) des êtres». L’endroit est la conscience et le corps est cet envers de la conscience qui existe surtout dans la représentation d’une autre conscience. En troisième personne. De mon point de vue, en tant qu’être incarné, le corps n’est pas un dehors, il est avant tout mon terrain d’expérience. Le corps traduit en acte la pensée de l’esprit. Il correspond trait pour trait au subconscient, car en lui s’imprime l’expérience consciente et se marque la trace de l’habitude. Le corps est toujours engagé dans le faire. La psychologie matérialiste qui étudie l’homme seulement à partir de son envers s’appelle psychologie du comportement. Le béhaviourisme étend l’étude du comportement animal à l’homme en éliminant la dimension de la conscience, pour ne retenir que les réactions observables et mesurables du corps. Une blague traduit ce point de vue : un behaviouriste fait l’amour avec une femme et lui demande ensuite : « C’était bien pour toi, mais comment était-ce pour moi » ? Ce qui revient à nier l’esprit en tant que sujet conscient alors même que c’est seulement pour lui qu’il peut y avoir de l’observable et du mesurable. De la Nature de l'Esprit ch. IX, p. 119-120. Indications de lecture:Titre non modifié. Le chapitre s'intitule l'âme, l'esprit et le corps.Le PDF de la leçon est diponible. A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z.
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