Textes philosophiques

Serge Carfantan     l'âme est métaphysique


         L’âme ne saurait être confondue avec la structure physique du corps, pas plus qu’elle ne peut être identifiée avec le défilé intérieur de nos pensées que l’on appelle d’ordinaire l’esprit[1]. Si le corps est le physique, l’esprit le non-physique, le terme qui convient à l’âme est le métaphysique. Pas plus que l’esprit et pour la même raison, l’âme ne peut être identifiée à une forme, localisée en un lieu, ou assimilée à un quelconque objet : bref, appartenir au domaine de la représentation. La représentation appartient à l’esprit. Il est plus aisé et plus pertinent de dire ce que l’âme n’est pas, que de définir ce qu’elle est. Tra­ditionnellement, la voie négative, en sanskrit neti, neti, enlève tout support d’objectivation afin d’amener le sujet dans cet état de suspension sans objet – de Vacuité - où la Présence est pure présence à Soi sans objet. Le royaume de l’âme précède toute intentionnalité consciente, il relève non du subconscient, De la nature de l'Espritou du conscient mais plutôt du supra-conscient.

     Là où le Sujet est pure coïncidence avec Soi, il n’y a pas de second. Là s’étend le royaume de l’âme. Le Vedânta, très économe dans ce registre, emploie le terme Soi, âtman, en ayant soin de le distinguer de l’ego, ahamkara, qui est lui inséparable de la pensée. Mais encore une fois, le péril de la majuscule est toujours le même, celui de se donner le concept d’une sorte de super Objet… ce qui serait l’ultime trahison de l’âme.  Il est impropre de dire « j’ai une âme », ce qui reviendrait à la placer sur le même plan que le couteau que j’ai dans la poche et poserait immédiatement la question : qui possède l’âme ? Ce qui est absurde car tout objet pointe vers l’ultime Sujet qui est l’âme. La formule « je suis une âme », n’est pas pour autant plus claire pour l’intellect, car elle ne désigne aucune limite identifiable. Dans l’Être, l’âme coïncide avec Soi et le Soi n’est rien d’autre qu’un mot pour désigner l’intériorité absolue dont l’Être est la Manifestation relative intégrale. Pas plus qu’il ne saurait y avoir de limite de l’Être, il ne peut y avoir de limite de l’âme. Il n’est de limite que par l’esprit s’identifiant avec l’ordre de l’objet, et de manière prioritaire, l’objet pré-donné du corps. L’entité qui s’identifie avec le corps, s’éprouve, se connaît à travers lui, est l’individualité vivante, en sanskrit jiva.                  

     Dans la littérature spirituelle en langue anglaise, on distingue l’âme, soul, de l’esprit, spirit, et on retrouve exactement la même situation contextuelle que celle décrite ci-dessus.

De la Nature de l'Esprit  ch. IX,  p. 123.

Indications de lecture:

   Titre non modifié. Le chapitre s'intitule l'âme, l'esprit et le corps.Le PDF de la leçon est diponible. PDF de la leçon


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