Textes philosophiques

Serge Carfantan    la science ne peut abolir le mythe


        L’approche objective du savoir ne peut pas chasser le mythe pour plusieurs raisons. D’abord parce que le savoir scientifique est par nature limité, fragmentaire et provisoire. Il ne peut délivrer des réponses aux questions portant sur le Sens. La force du mythe au contraire, est de présenter d’emblée une vision du monde riche, unifiée qui donne des réponses aux Introduction aux Sciences humainesinterrogations de l’esprit humain. C’est d’ailleurs ce qu’un scientifique comme François Jacob concède : « C'est probablement une exigence de l'esprit humain d'avoir une représentation du monde qui soit unifiée et cohérente. Faute de quoi apparaissent anxiété et schizophrénie. Et il faut bien reconnaître qu'en matière d'unité et de cohérence, l'explication mythique l'emporte de loin sur la scientifique. Car la science ne vise pas d'emblée à une explication complète et définitive de l'univers. Elle n'opère que localement. Elle procède par une expérimentation détaillée sur des phénomènes qu'elle parvient à circonscrire et définir. Elle se contente de réponses partielles et provisoires[». Puissance de l’imaginaire  Il y aura donc toujours place pour la représentation mythique de l’univers à côté de l’explication scientifique de l’univers. L’une et l’autre ne se situent pas sur le même plan.

Il y aura donc toujours place pour la représentation mythique de l’univers à côté de l’explication scientifique de l’univers. L’une et l’autre ne se situent pas sur le même plan. Prenez par exemple le roman de science-fiction de Maurice le Dantec Babylon Babies[1]. L’argument central du livre est tiré de spéculation sur la génétique. L’héroïne Marie Zorn a subi des modifications génétiques, qui font d’elle une sorte de créature qui serait une transition vers un Surhomme doué de pouvoirs supérieurs à l’homme actuel. Le roman file une poursuite sanglante dont elle devient l’enjeu. Était-il possible de bâtir un roman avec seulement des données scientifiques ? Non. Ce qui donne une unité, une cohérence au roman, c’est toujours sa dimension mythique, ici la reprise du mythe du Surhomme[2] de Nietzsche. Et pour bien montrer que le savoir scientifique reste insuffisant, l’auteur fait intervenir, à un moment clé de l’histoire, des shamans traditionnels porteurs de la vision mythique du monde nécessaire pour que le savoir scientifique soit utilisé de manière sage et juste.  Le Dantec fait des rapprochements entre la nature mythique du serpent céleste des indiens et la structure en hélice de l’ADN, pour montrer que ce que la science occi­dentale tente d’approcher de manière objective, la culture traditionnelle des shamans, des voyants, l’a approché de manière subjective. La leçon est donc qu’il faut conjuguer, dans une philosophie gnostique, la science et le mythe pour que le savoir serve la vie et l’aide à se reconnaître elle-même

Introduction aux Sciences humaines  ch. I,  p. 22-23.

Indications de lecture:

    Le chapitre s'intitule : science, mythe et philosophie.Le PDF de la leçon est diponible. PDF de la leçon


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