Textes philosophiques
Serge Carfantan
l'irréalité du futur
.Le futur est notre à-venir, il advient à
notre conscience dans nos attentes. Si je n’attendais rien du futur, si
je n’avais ni espoir, ni appréhension, ni crainte, ni angoisse, le
futur aurait-il seulement un sens ? Non. Je serais peut-être sur le
même plan que l’animal qui vit, plus ou moins harcelé par les exigences
de son présent, je serais dans un présent végétatif. Enfin, c’est ce
que croit la plupart des gens. Mais la vigilance, de même qu’elle porte
en les stigmates du passé, porte aussi en elle l’inquiétude, la
hantise, la séduction et l’attraction du futur. La vigilance n’a en
effet de sens qu’en tant que forme de l’intentionnalité, de la tension
vers les choses et vers l’avenir : bref, elle contient en elle la
dimension du pro-jet. La conscience qui se rapporte à un
futur
n’est pas dépourvue d’objet, elle est toute entière pro-tension, elle
vise un objet qui doit entrer dans la Manifestation. Dans pro-jet, le
terme pro indique le mouvement en avant de la manifestation, le jet
indique la projection temporelle de la conscience. ...Oui mais
prévoir, prospecter ou extrapoler le futur, ce n’est pas du tout la
même chose que voir le présent, c’est seulement l’imaginer. Quand nous
parlons des qualités de visionnaire d’un Victor Hugo, d’un Jules Verne,
d’un Nietzsche ou d’un Sri Aurobindo, nous ne prenons pas le mot
« vision » au sens perceptif. Ce n’est pas le voir du présent. Le voir
du présent est ouvert dans la perception, lui seul donne la réalité,
car il donne ce qui est. Le futur lui n’est pas encore, il ne sera réel
que quand il sera présent. Le futur, dans ses composantes réelles,
n’est pas encore, au moment où il deviendra réel, il ne sera plus du
futur, mais du présent. Il n’est rien de réel, il est juste une
éventualité, un possible : rien de plus qu’un non-être. Le futur a donc
sur ce point un statut semblable au passé. Il rapporte la conscience à
ce qui n’est pas, à un ailleurs, à un autrement, à une autre chose que
ce qui est. A la différence, le passé, parce qu’il est révolu, nous
laisse dans un sentiment écrasant d’impuissance, tandis que le futur,
parce qu’il est à venir, est l’image même de la puissance. Nous pouvons
nous dire que dans le futur « tout est possible » ; que « peut-être que
ce que j’attends arrivera ». L’avenir garde un caractère si
imprévisible qu’il laisse place à la nouveauté et à la création.
Les
Leçons du Temps ch. I, p. 18-19.
Indications de
lecture:
Le chapitre s'intitule : les dimensions temporelles.Le PDF de la leçon
est diponible.


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