Textes philosophiques

Serge Carfantan    le paradigme mécaniste


           ...Or, dès l’origine, le paradigme mécaniste a été pris au pied de la lettre, au point qu’il élimine la différence entre le naturel et l’artificiel, au seul profit de l’artifice. Témoin ce qu’écrit Descartes dans les Principes de philosophie : « je ne reconnais aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose… toutes les règles des Mécaniques appartiennent à la Physique, en sorte que toutes les choses qui sont artificielles sont avec cela naturelles ». Nous sommes aujourd’hui tellement imprégnés de cette manière de penser, que nous ne voyons dans la Nature qu’une sorte d’atelier, ou de salle de machines artificielle. Nous avons perdu la finesse de l’observation et la sensibilité capable Théorie et Expérienced’éveiller en nous le sens du naturel. Du coup, nous avons perdu le sens de cette distinction qu’Aristote pouvait marquer entre naturel et artificiel. Hans Jonas le dit très bien dans Le Phénomène de la Vie, « la métaphore de l’atelier de la nature, dans lequel la science va fouiller pour apprendre ses procédures, exprime de manière populaire que la distinction entre naturel et artificiel, si fondamentale pour la philosophie classique, a perdu sa signification ». Deux siècles après Descartes on écrira que « la nature de l’homme, c’est l’artifice » !
     Le paradigme mécaniste, tel qu’il se met en place avec Descartes et Galilée, pour devenir le modèle de la science normale, est un système d’explication dans lequel la représen­tation de la causalité est modelée sur l’analyse de machines élé­mentaires. Loin d’être englobant et neutre, il comporte au contraire d’emblée un réductionnisme. Il réduit la manifestation des phénomènes naturels à un ordre de succession temporelle, en éliminant la causalité comme intention, comme fins. Loin de se présenter comme un sous-système à l’intérieur du finalisme, il tend plutôt à vouloir l’éliminer. L’explication qu’il est capable fournir de la loi naturelle n’enveloppe aucun sens de l’ajustement à une fin. Dans le paradigme mécaniste, la loi naturelle n’exprime que la constance d’un processus, sa nécessité, sa détermination infrangible.

   Théorie et Expérience ch. VIII,  p. 151.

Indications de lecture:

    Le chapitre s'intitule : le paradigme mécaniste. Chapitre important. Dans la suite du texte, les critiques qui s'imposent pour déconstruire ce paradigme.Le PDF de la leçon est diponible. PDF de la leçon


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