Textes philosophiques
Serge Carfantan la loi ne
peut pas se substituer à la morale
.
Que reste-t-il quand la tradition a perdu sa place, quand l’influence
des grands hommes ne parle plus, quand la religion a cessé de revêtir
le caractère d’une autorité ? Que reste-t-il quand les hommes n’ont
même plus conscience de ce que représente la morale ?
Eh bien, il reste au moins la référence à la loi ! Posons la question
aux adolescents d’aujourd’hui : comment distinguer le bien et le mal ?
Nous ne pouvons pas être vraiment surpris d’entendre la réponse : « le
bien c’est ce qui est permis, le mal ce qui est interdit » !
Sous-entendu : « c’est la loi qui dit ce qui est bien ou ce qui est mal
et la loi, elle nous est imposée par la société ». La morale est perçue
comme une contrainte nécessaire et extérieure à laquelle il faut se
plier, comme on doit se plier aux contraintes imposées par la loi.
Voir dans la loi une indication du bien et du mal n’est pas
complètement
inexact. En dernier analyse, la loi s’appuie sur une morale, la morale
civique. S’il n’y avait un degré minimal d’entente sur les principes
moraux qui la sous-tendent, elle ne pourrait être votée. C’est parce
que nous partageons moralement le rejet du viol que nous pouvons faire
voter une loi qui le sanctionne. Incontestablement, il y a un lien
entre la morale et le droit. One ne peut ni les séparer complètement,
ni les opposer entièrement.
Dans la pratique, pour ce qui est de notre problème, rester en accord
avec la loi du pays dans lequel nous vivons est le minimum que nous
puissions faire pour rester intègre. L’intégrité morale ne peut pas
être asociale. En général, rester en accord avec la loi, est déjà un
degré de moralité, mais c’est une indication du bien et du mal qui
reste assez vague. Et puis, n’y a-t-il pas une différence entre ce qui
est légal et ce qui est moral ? Ne peut-il y avoir des situations où il
y a contradiction entre les deux ?
Il y a tellement d’exemples dans l’histoire que ce devrait être une
évidence. Les régimes totalitaires en premier lieu, sont redoutablement
efficaces pour produire des lois que la morale désapprouverait. Cela
s’est vu lors de la dernière guerre, ou encore en Afrique du Sud. Mais
il est inutile de chercher des exemples de régimes détestables pour
repérer la corruption morale de la loi, car la critique vaut aussi en
régime démocratique où le citoyen bien informé peut aussi trouver à
redire sur le vote circonstanciel de lois iniques, ou encore tout
simplement de lois qui sont tout bénéfice pour ceux qui les vote et non
pour les citoyens qui les subissent.
Une Introduction à la
Philosophie du Droit ch. VII, p. 125.
Indications de
lecture:
Le chapitre s'intitule le sens de la justice.Le PDF de la leçon
est diponible.
A,
B,
C,
D,
E,
F,
G,
H, I,
J,
K,
L,
M,
N, O,
P, Q,
R,
S,
T, U,
V,
W, X, Y,
Z.
Bienvenue| Cours de
philosophie| Suivi des
classes| documents| Liens sur la philosophie| Nos travaux| Informations
E-mail : philosophie.spiritualite@gmail.com
|