Abraham Hicks
"Cette formule : « jusqu'à ce que la mort nous
sépare » est un mécanisme de protection. Elle signifie : « Je n'ai pas
confiance en moi et je n'ai pas confiance en toi pour susciter le meilleur
pour nous deux. Et donc, juste pour nous rassurer, promettons-nous que même
si nous ne parvenons pas à ce meilleur, au moins nous souffrirons ensemble.
» Toute loi, sacrée ou profane, que nous ayons jamais vue dans notre
environnement a toujours émané d'une situation où nous sommes dé-connectés,
toujours émané d'une attitude de précaution".
(texte reçu par le site).
Georges Hassler
Je comprends globalement les nombreuses idées que vous annoncez. J'en trouve
certaines d'un bon sens particulier comme par exemple lorsque vous dites que
la meilleure chose que l'on puisse faire pour les autres c'est en premier
lieu de s'aimer soi-même, s'aimer soi-même afin d'être capable d'aimer les
autres. La relation à autrui a besoin de disponibilité de toute part et elle
permet de comprendre les divers mécanismes et processus à l'origine de nos
agissements, en clair elle est propice à la connaissance de soi. Sur ces
points je suis on ne peut plus d'accord avec vous ; C'est dans l'observation
de son visage reflété par l'eau d'un lac tranquille que se trouve la
véritable lucidité et non dans une vision irréelle et déformée de son image
naissant à la suite d'une agitation de la surface de l'eau par un geste
rageur de la main.
Sur la question du don de
soi j'avais déjà émis des réserves (personnelles et sans aucunes
prétentions), c'est quelque chose que j'ai simplement du mal à intérioriser.
Vous me répondrez sûrement que c'est dû au conditionnement social, c'est
possible... En ce qui concerne l'idée de plénitude en chaque être que vous
laissez sous entendre, j'ai beaucoup de mal à l'envisager" également. Il ne
faut point vampiriser l'autre, effacer sa liberté, ou seulement, à travers
la relation qui nous lie à lui, chercher à combler les manques qui sont les
nôtres, mais de là à affirmer que la plénitude existe déjà en chacun de
nous... Qu'est-ce que la plénitude ? Le sentiment d'être comblé à tous les
niveaux, de n'avoir besoin de rien ? Si tel est le cas alors pouvons nous
dire d'une adolescente qui n'a jamais accédé à l'amour de son père, malgré
son importance dans la construction mentale de l'individu, pouvons nous dire
d'elle que c'est une personne qui peut à tout moment savourer la plénitude
de son être, même au niveau affectif ? Je n'en suis pas convaincu et je ne
serais même guère étonner si l'on m'apprenait que cette femme en devenir
mendie désespérément de l'affection à chaque coin de rue et que ses
relations amoureuses sont passionnelles et exagérées.
Georges Hassler
"De même qu'une fois les nuages balayés le soleil brille, une fois
le caillou ôté la source jaillit, une fois les taches nettoyées la
transparence de la vitre se révèle, dans cette approche, on ne cherche pas à
créer la lumière : on sait qu'elle est là, qu'elle a toujours été là ; on
observe simplement ce qui l'empêche de briller en nous, ce qui bloque ou
entrave son rayonnement" - Daniel Maurin.
Cette phrase trouvée sur votre site illustre bien votre théorie de la
plénitude présente en chaque être, c'est une façon de voir les choses. Vous
déclarez que l'on a besoin de personne en particulier pour faire
l’expérience de sa plénitude mais que celle-ci a besoin d'une relation à
autrui afin de s'exprimer. Encore faut-il pouvoir en faire l'expérience, ce
qui n'est pas donné à tout le monde ; on ne pense pas ou on n'a pas
forcément envie de nettoyer les tâches de sa vitre...
Michèle Millétat
Je ne suis pas philosophe de formation. Mais j'ai une petite remarque par
rapport à votre analyse. Je comprends bien vos propos lorsque vous dites que
l'on ne doit pas manipuler l'autre en fonction de ses attentes. L'autre
n'est certes pas une marionnette, un personnage fictif que l'on peut
façonner comme dans un roman, un film ou un jeu vidéo. Cependant, si l'autre
justement dans l'expression de sa liberté faisait obstacle à la nôtre? Si
l'autre fait preuve d'un comportement qui génère des frustrations? Doit-on
ne rien dire et le laisser "être" qui il est? Entre justement le présupposé
social: "L’amour et la liberté ne vont pas ensemble, car l’amour doit
répondre aux exigences de l’autre alors que la liberté ne se met qu’au
service de soi-même" et votre conception: "L’autre est libre et c’est en lui
accordant sa liberté d’être ce qu’il est que je puis connaître avec lui la
plénitude de la relation. L’amour n’enlève pas la liberté, il l‘accorde.
Aimer c’est glorifier la liberté de l’autre", il y a une dialectique,
difficile à mettre en application au quotidien, et c'est un art pratiquement
irréalisable ; les frontières dans le quotidien se chevauchent si
intensément que je dirais que c'est justement cela qui génère des conflits
intérieures et relationnels. Mais c'est sans doute dans cette tension
permanente et dans la recherche de l'équilibre que se construit la relation
et son évolution déterminera de sa durée ou de son échec.
Nicolas Devoueize
Dans la lignée de la société de consommation... il est amusant de constater
que la prochaine étape semble être le vivant, on cherche absolument à rendre
la nature injuste et au nom d'un anthropocentriste égalitarisme exiger que
les enfants puissent s'acheter afin de bricoler des familles et des
filiations de manière détournée et de désamorcer la polémique par des
niaiseries dégoulinantes ou des pseudo-arguments qui prennent pour exemple
des familles ou personnes qui subissent une situation indépendamment de leur
volonté Jamais l'humanisme ne m'a paru si nocif que ces derniers temps, et
je ne le tenais pourtant pas en très haute estime.
Vincent Primard
Je voudrais rebondir sur une de vos phrases, pour introduire mon
commentaire. Vous écrivez ‘’Nous n’avons besoin de personne en particulier
pour faire l’expérience de notre plénitude, mais sans quelqu’un d’autre , la
plénitude ne trouve pas à s’exprimer’’. Cependant dans notre plénitude,
autrui est toujours implicitement présent, car c’est par lui, à travers lui,
à son contact que cette plénitude de vie a été conquise ; il en a été
l’instigateur nécessaire et involontaire et, chacun étant un autre pour son
prochain, nous sommes donc dans toute relation et instigués, et
instigateurs. Et qu’est-ce que la plénitude sinon une réconciliation avec
nous-mêmes , donc avec autrui et la vie ? Le mot plénitude m’évoque une
osmose avec le Tout, c'est-à-dire avec la nature et l’humanité. Je pense en
effet que toute relation avec autrui ne peut être que le reflet de notre
relation à nous-mêmes et tant que nous restons étrangers à nous-mêmes,
l’autre ne peut être appréhendé qu’en tant qu’étranger absolu. ’’Connais-toi
toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux’’ nous indique Socrate
depuis plus de vingt siècles ! Toute investigation, tout travail de
discrimination et d’éclaircissement menés scrupuleusement sur soi-même,
toute conscience faisant retour sur elle-même pour en scruter au plus
profond les fondements (faire en quelque sorte la généalogie de notre propre
psychisme !), sur quoi nous ouvrent ils ? Sur un mystère !Que l’on détricote
au plus loin la chaîne causale qui nous a constitués, l’origine ultime de
notre présence au monde nous échappe à jamais, à jamais elle restera un
mystère.
Nous ne sommes qu’une contingence parmi tant
d’autres, mais une contingence unique et en ayant conscience ; en clair,
nous sommes peu de chose, mais nous ne sommes pas rien !
Autrui a toujours été là, omniprésent sinon
physiquement , du moins subjectivement, dans l’histoire de notre
construction individuelle. Reconnaître le certain mystère que nous sommes à
nous-mêmes, nous amène à accepter et respecter en l’autre sa part d’ombre et
de lumière. S’accepter soi-même comme ultimement inconnaissable, c ’est
s’offrir comme mystère à l’autre, se refuser à prétendre le connaître dans
son entièreté et donc ne pas le juger pour ce qu’il est mais pour ce qu’il
fait.
Trouver cette plénitude dans notre rapport
à la vie, donc aux autres, nécessite de par mon expérience de passer de
notre conscience naturelle (j’y regroupe peut être à tort les trois états
successifs de veille, de rêve et de sommeil profond) à ce que je nommerai
une conscience culturelle, ou spirituelle( car qu’est-ce que la culture
sinon la manifestation de l’esprit dans les arts, la religion, la
philosophie ou les sciences ?). L’homme est un animal culturel, dirais-je,
et ne pas faire advenir cette conscience spirituelle c’est je crois se
soustraire à notre vocation propre. André Malraux a dit :’’le 21ème siècle
sera spirituel ou ne sera pas’’, à nous de faire en sorte qu’il le soit !
C’est quand une saine et pleine
relation à la vie est établie, que notre rapport à autrui n’est plus
problématique et qu’au contraire, il participe à l’exubérante manifestation
de la vie. Votre idée de relation à autrui comme construction est
magnifique, elle rend autrui co-constructeur de notre bonheur, et
réciproquement ! Notre époque a besoin de grands constructeurs, car beaucoup
a été démoli dans le domaine de la pensée ; à nous de rebâtir sur des bases
plus stables, avec des esprits lucides donc libres, une humanité plus
spirituelle. Pour que le 21ème siècle soit!
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Avec la participation de Georges Hassler, Michèle Millétat,
Nicolas Devoueize, Vincent Primard.
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