Leçon 127.   L’accomplissement de la relation        

    Nous pourrions individuellement nous vanter de mener une vie confortable, d’avoir réussi sur le plan du travail, de conserver une piété religieuse, d’avoir une moralité irréprochable, ou un sens esthétique raffiné et des valeurs intellectuelles solides. Il n’est pas certain pour autant que  le sens de la relation y trouve son compte. C’est même souvent le point faible des personnalités les plus fortes dont on dit qu'ils ont réussi. Le sujet qui fait montre d’un QI élevé peut très bien en même temps être asocial, voire être un autiste de la communication. Bref, le QI ne rime pas avec le QR (quotient relationnel).

    Notre époque connaît une extraordinaire débâcle relationnelle. L’homme postmoderne vit replié sur lui-même, il profite de bien des avantages que la société lui offre, mais il communique peu ou mal. Il vit dans l’isolement, car ce sont les processus égocentriques qui font naître son isolement. Il vit aussi dans un déchirement relationnel constant, en reportant indéfiniment ses attentes sur l’autre, en espérant que le prochain amour comblera ce que le précédent a déçu. Ce qui semble invariablement mener d’illusion en illusion, ou bien conduire à cette situation de désespoir tranquille qui résume le plus souvent la vie de couple aujourd’hui.

    Nous pourrions examiner ce qu’il en est de la relation entre les peuples et les cultures et le constat serait le même. La relation constitue dans notre société un problème majeur. Même si nous avions réussi à résoudre tous les autres, il resterait celui-là. Et on peut oser retourner la formule : peut être est-ce parce que nous n’avons pas réussi à résoudre celui-là que nous avons aussi tous les autres ! Qu’est-ce qui ne va pas dans notre sens de la relation ? Qu’est-ce qu’une relation humaine accomplie ? Le dysfonctionnement relationnel est-il seulement lié au contexte de nos mentalités ? Il est vrai que l’hyper individualisme de notre temps est peu propice à l’accomplissement de la relation. Nos échecs sont-ils une conséquence, le dernier effondrement de notre égocentrisme viscéral ? Ou bien sommes-nous victimes de toute une série d’illusions qui font échouer nos relations ?

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A. Appel, demande, espoir et attente

    Pour l'instant, ne prenons pas en compte ce qui a été dit plus haut pour en rester à ce que peut dire l'opinion. Nous pensons communément que le but de la relation est de trouver la joie, le bonheur et l’épanouissement dans le partage de la vie avec un autre. Il faut maudire notre solitude, la défaire, aller vers les autres, car ce n’est qu’hors de soi que l’on peut trouver ce qui nous rendra heureux. Nous avons besoin des autres et la solitude est un repli sur soi dont on doit sortir, pour exploser dans la relation à l’autre. Essayons de donner sa voix à cet implicite très présent dans l’attitude naturelle. Selon les croyances communes, qu’est-ce qu’une relation sérieuse ? Si nous mettions au grand jour les croyances inconscientes sous-jacentes à la plupart de nos comportements cela donnerait à peu de choses près à ceci : (texte)

    1) Prosopopée de l'attachement : « La solitude existe là sans que l’on y soit pour rien. Elle vient avec notre vie dans ce monde. On n’est rien sans les autres et on entre dans le monde au milieu des autres ; mais, comme le autres n’ont d’abord de souci que pour  lui-même, il nous faut  lutter pour détourner leur attention vers nous. Il faut appeler l’autre dans la relation. Soi-même on ne représente rien. Il nous faut quelque chose d’autre ou quelqu’un d’autre pour mettre fin à notre solitude et à notre malaise. Nous débarquons dans le monde perdu, étranger, égaré et il faut bien que les autres nous reconnaissent tel que nous sommes et entendent notre appel. S’il y a bien une chose que je puis exiger de l’autre, c’est qu’il m‘écoute, me réponde et me porte secours. C’est ce que veut dire responsabilité. C’est le sens premier de la dignité de la personne que d’être une individualité capable de réponse. Un être humain n’est pas un pot de fleur, il peut être interpellé, il peut répondre à l’appel d’un autre être humain. Donc me répondre. On naît faible et dépendant, comme de hasard, dans un monde incertain.

       ________________________________ engager dans la relation». (texte)

    2) Voilà qui est dit. Il vaut mieux dire tout haut ce que l'on pense tout bas, cela met nos croyances inconscientes en lumière. Nous comprenons mieux l’insistance de la religion sur la fidélité et en général l’interprétation moralisante de la religion. La religion apporte le poids de son autorité et se porte garant de la fidélité de la relation devant Dieu. Elle fait de la satisfaction des besoins une relation sacrée. La faute par excellence est toujours une faute dans la relation, la faute c’est l’infidélité. L’infidélité à la promesse dans la relation. Dans l’Islam le pêcheur, le fautif, le traître, c’est l’infidèle. Il est dit que Dieu lui-même a des besoins que l’homme doit satisfaire et que s’il ne les satisfait pas, la malédiction va s’abattre sur lui. Si l’homme est maudit, c’est d’avoir renié son engagement envers Dieu. S’il est sauvé, c’est de renouveler l’engagement de sa relation à Dieu. Or cet engagement se traduit par le fait même de devoir se consacrer à la sécurité de l’autre en s’engageant dans une relation éthique et pas seulement passionnelle. Ce qui est une relation dite "sérieuse". (document)

     Inutile de développer d’avantage, chacun apercevra de lui-même, dans le bagage de ses idées reçues, cousu à l’intérieur de la représentation commune, ce fil des croyances sous-jacentes à nos comportements les plus habituels.

    Comment recevons-nous cette interprétation de la relation? Quelques options :

    a) Nous pouvons constater autour de nous avec stupéfaction que ce type de discours est parfois admis en bloc, sans l’ombre d’une critique. C’est même un propos assez banal, celui d’un conformisme intégral. Banal dans l’intégrisme religieux, mais aussi très largement reçu l'homme du devoir, à la manière de Kant.

    b) Il est possible que nous ayons cessé d’adhérer à l’ensemble de ces présupposés, mais ce serait de la mauvaise foi que de soutenir que nous ne les avons jamais partagés. Nous y avons tous cru à un moment ou un autre. Le conditionnement social reçu dès l’enfance y a soigneusement contribué.

    c) Le libertin en un sens adhère aussi d’une certaine manière à ce type de discours et c’est pourquoi il choisit délibérément la fuite : la licence de faire tout ce qui lui plaît, au mépris de la relation. Entrer dans une relation sérieuse, ce serait renoncer à sa liberté, accepter la cage et ses barreaux dorés. Plutôt n’écouter que ses désirs et n’avoir pour guide que l’empire conquérant de sa liberté. Pensons à La non-demande en mariage de Georges Brassens.

     Faut-il inscrire la crise des relations dans un contexte plus large, celui des mentalités de notre époque ? Est-ce une question « sociologique » ? (texte) Ce serait une tentative adroite de relativiser le problème des relations vers le « social » en général. Les analystes les plus lucides de notre temps s’accordent à reconnaître que la postmodernité est en proie à une situation de crise relationnelle inédite. Notre époque confond tous les repères, brouille toutes les relations et retourne allègrement toutes les valeurs. Alors, au milieu des familles recomposées, des divorces à répétition, des familles monoparentales, des couples à la dérive, on se cramponne comme on peut et on se débat pour trouver des assurances où on croit pouvoir en trouver. L’hyper individualisme postmoderne a mis l’ego sur un piédestal. Moi se montre, moi s’exhibe, se met en valeur, moi se démonte, se démystifie, se dénigre, mais moi est toujours là, y compris quand il fait une véritable fixation sur l’autre. A partir du moment où le culte des apparences est une préoccupation furieuse et où l’ego a une place aussi importante, il y a bien peu de chance que les relations se portent bien. Gilles Lipovetsky dans L’Ere du Vide note que le sujet-consommateur finit par tout mettre sur le même plan. Consommer-jeter. Une relation amoureuse, cela se consomme et cela se jette, comme une barquette de frittes et une canette de soda. Le sexe, c’est de la consommation rapide, comme la cigarette. A partir du moment où le culte du plaisir est devenu la seule valeur prédominante, le sens d’une relation morale est délétère. Nous sommes, selon un autre tire de Lipovetsky à l’ère du Crépuscule du devoir. Seulement, la boulimie consommative renforce la frustration, elle fragilise les plus faibles, elle exaspère les tensions sociales. Elle suscite la colère à l’égard de ceux qui ont le privilège de pouvoir vivre des fantasmes que le commun des mortels doit se contenter de regarder à la télé.

    Laissons les généralités sociologiques. Il y a un certain nombre de questions fondamentales auxquelles il faut répondre :
    Faut-il identifier la solitude avec l’isolement ? On peut accuser la « société », mais ne sommes-nous pas pour quelque chose dans notre isolement ? N’y a-t-il pas des processus qui conduisent à l’isolement et le renforcent ? Que nous soyons interdépendant, cela, personne n’en doute, mais l’interdépendance et la dépendance, est-ce bien la même chose ? Entrer dans la relation, en exigeant la satisfaction d’un désir de reconnaissance, n’est-ce pas la meilleure façon de la saboter ? Ce qui est essentiel dans la relation, est-ce ce qu’on en retire, ou n’est-ce pas plutôt ce qu’on lui apporte ? La responsabilité n’est-t-elle pas une expression de l’auto-référence ? Ou encore, la responsabilité, n’est-ce pas surtout le lien auquel je me donne, plutôt que le profit que j’en retire ? Le propre de l’irresponsabilité, n’est-ce pas de se dégager soi-même de toute relation ? Est-il bien exact de dire qu’une relation doit être « construite » ? N’est-elle pas toujours déjà-là, en sorte que ce qui compte, c’est surtout de la vivre ? Etre relié à un autre, est-ce la même chose que de le ligoter ? Peut-on vraiment trancher dans la valeur des relations ? Et si toutes les relations étaient sacrées ? Et si la solidarité n’avait en fait rien à voir avec la dépendance mutuelle liée au besoin ? Et si l’amour n’avait rien à voir avec l’attachement ? Et si aimer voulait précisément dire donner de soi sans attente, (texte) sans tractation, sans espoir de retour ? Et si l’amour était un don et non pas un échange ? Et si le « contrat de mariage » religieux et public, fondé sur le seul désir de sécurisation, était une imposture ? Et si la demande d’un amour exclusif et l’incarcération de la liberté qui s’ensuit, étaient la meilleure manière de tuer l’amour ? Et si l’amour et la liberté par essence allaient toujours ensemble ? Et si nous découvrions brusquement que ce qui grandit une relation, c’est justement de pouvoir l’aborder sans demande ni exigence ? Et si la caution d’autorité de la religion qui présuppose en Dieu des « besoins » était fondée sur une mécompréhension ?

B. Le miroir de la relation

    Qu’est-ce que la relation ? Être relié veut dire ne pas être séparé, ne pas être coupé de. La relation est l’unité, la séparation introduit une division. La relation veut dire retrouver l’unité en cessant d’introduire une division dans ce qui est par nature inséparable. Il est intéressant de noter que le mot religion est formé de la même manière : ce qui lie à nouveau. La religion est originellement la restauration du lien sacré avec la vie et précisément, la vie est relation.
    La relation humaine a le même sens : être relié à l‘autre, c’est ne pas être séparé et qu’il n’y donc aucun obstacle qui introduise une division là où règne la non-séparation, l’unité. Dans un premier temps, nous devons nous interroger sur cet état d’unité ou de division.

    1) Le terrain sur lequel la relation humaine s’établit, c’est celui de la commune présence au niveau du sentiment. Être relié veut dire être affectivement présent dans la relation. Ce qui veut dire aussi habiter la vie, telle qu’elle se donne à chaque instant. Empruntons quelques formulations à Krishnamurti dans La Relation de l’Homme au Monde : « Notre vie telle qu’elle est, notre vie de tous les jours, est faite de relations. La vie est relation. Être relié suppose un contact, non seulement physique, mais psychologique, affectif, intellectuel. Il ne peut y avoir de relation sans grande affection. Il n’existe aucun lien entre vous et moi si ce qui existe entre nous est purement intellectuel, verbal ; cela, ce n’est pas une relation. Il n’y a relation que s’il y a sens un contact, de la communication, de la communion, ce qui suppose une affection immense » (texte).
    La relation intellectuelle est toujours seconde. La première relation est affective. La relation intellectuelle est créée par la pensée, mais ce n’est pas la pensée qui me met en relation. La relation est, avant que la pensée ne l’interprète, elle est parce que la vie est par nature relation. La relation est sensible et être en relation, c’est d’abord être accessible et vulnérable. « Je suis relié à vous, cela veut dire que je peux vous toucher, réellement, physiquement ou mentalement. Nous nous rencontrons, il n’y a pas d’obstacle entre nous. Il y a un contact immédiat, de même que je peux toucher ce micro ». Les enfants sont étonnants. Ils n’érigent pas de séparations. Un enfant vous regarde droit dans les yeux et n’interpose rien dans la relation. L’enfant serait prêt à embrasser tout le monde, là où l’adulte mettra la politesse, les convenances, l’étiquette et le protocole. Bref, l’enfant est naturel et spontané dans la relation, ce que nous ne sommes pas. La plupart d’entre nous œuvrons en permanence pour établir une enceinte inabordable. C’est un fait que nous ne remarquons pas souvent, mais, à y regarder de près, la plupart des personnes que nous côtoyons autour de nous sont inaccessibles. Dans le texte cité précédemment : « Regardez-vous, non tel que vous devriez être, mais tel que vous êtes. Vous êtes tellement inabordable, chacun à sa façon, car vous avez tant d’obstacles, d’idées, de tempéraments, d’expériences, de malheurs, de soucis, de préoccupations. Votre activité quotidienne vous isole constamment ». La plupart des hommes vivent dans une bulle mentale et ne sortent que rarement de la réclusion dans leurs pensées. Chacun vit dans son monde de pensées. Rarement dans le monde de la vie. Loin, très loin. La personne est là physiquement, mais mentalement, elle est ailleurs et parfois, il semble que nous ne pourrons jamais l’atteindre. Nous vivons dans ce somnambulisme relationnel, parfois jusqu’à l’autisme. En tout cas, la pathologie mentale le montre assez bien, on peut couper les ponts avec le monde jusqu’à ignorer l’existence même des autres.
    Nos activités égocentriques nous isolent et nous ne sommes pas disponibles. Mais ce n’est pas tout. Il est évident que la relation n’existe que dans la disponibilité et même la fraîcheur nouvelle de chaque instant. Ce qui ôte encore la disponibilité et enlève la spontanéité, c’est que nous rencontrons autrui en interposant le plus souvent une image de l’autre. C’est un point sur lequel revient très souvent Krishnamurti. Si je côtoie un vieux monsieur sur le marché sans savoir qui il est, je le rencontre comme un être humain. Simplement. Mais voici que l’on me fait un signe : « C’est A, acteur célèbre !», « c’est B réalisateur très connu !». Et ma pensée se met en mouvement à une vitesse folle. Je deviens fébrile et maladroit : vous pensez, je suis en présence de A ou B ! Je me comporte maintenant par rapport à l’image de l’autre. Je me comporte comme un individu qui est en présence d’une célébrité. La relation a perdu de sa simplicité et de sa chaleur. Elle est devenue compliquée, elle est mesurée par la pensée et préjugée par elle. Sans aller chercher un exemple exceptionnel, nous pouvons remarquer que l’interposition de l’image joue son rôle de manière constante dans la vie quotidienne : je rencontre une caissière au supermarché, un étudiant, un propriétaire foncier, un client, un voisin etc. Je modèle ma conduite sur un concept spécifique et la relation prend un tour convenu. L’acteur ou le réalisateur est un peu déçu de ce revirement, il préférait peut être l’anonymat, mais il peut reprendre son rôle et retrouver le petit plaisir de la flatterie admirative et y trouver son compte. Mais la relation est perdue, elle est devenue très compliquée et on ne communiquera plus désormais que par image interposée. Cela va jusqu’à la relation proche de la femme et de son mari. Même si tout commence dans le contact immédiat, « dans les relations humaines, ce contact immédiat n’existe pas, parce que vous, le mari ou la femme, vous vous faites une image de la femme ou du mari ».
    La question est donc : est-il possible de vivre en relation sans faire intervenir l’image de l’autre ? Cela signifie vivre la relation. Pouvons-nous aborder la relation en dehors de toute idée et de toute image ? De manière neuve, sans faire intervenir un présupposé (ce type est un délinquant, un juif, un palestinien, un américain, un touriste, un …) A tout le moins, nous pouvons prendre conscience de notre manière de fonctionner dans la relation. La relation consciente, lucide change la donne. La connaissance de soi dans la relation met au jour ce qui d’ordinaire fonctionne comme un schéma répétitif. La relation à autrui est un extraordinaire instrument de connaissance de soi. « Vous ne pouvez vous connaître que par rapport à votre vie de tous les jours ». C’est dans la prise de conscience que l’action véritable s’inaugure. « Etre conscient de tout le contenu de la relation, c'est cela, l'action, et à partir de cette action une véritable relation devient possible, et il devient possible d'en découvrir la profondeur, la signification immenses ». La relation nous tend un miroir où nous pouvons observer ce que nous sommes, où nous pouvons, non pas faire des efforts pour nous montrer sous tel ou tel jour, mais nous révéler à nous-mêmes. « Toute relation est comme un miroir qui nous fait percevoir clairement ce qui tordu et ce qui est droit ». « Il est vrai que l’on se révèle souvent aux autres mais qu’est-ce qui est important, de se voir tel que l’on est ou de se montrer à un autre ? »

    2) Le second point important concerne la réponse à l’intérieur de la relation. « Qui dit relation dit répondre. Le sens radical de ce mot, pas de ce que nous en avons fait, veut dire répondre complètement à un autre, comme dans la responsabilité. Nous arrive-t-il jamais de nous répondre complètement les uns aux autres, ou est-ce toujours des réponses fragmentaires, une réponse partielle ? Si c’est une réponse partielle, fragmentaire, pourquoi ? »
    La réponse à autrui est aussi une déclaration de soi, la déclaration de qui je suis dans la relation et elle est une réponse au mouvement de la vie, ici et maintenant, dans le contexte de la situation d’expérience qui est la mienne (texte). A l’intérieur des relations humaines, une réponse inadéquate, partielle, insuffisante, crée le non-dit et perpétue les germes du conflit. Jouer le jeu de la relation signifie être entier dans chaque réponse et à chaque instant, dans les plus petites choses comme dans les plus grandes. « La relation est la réponse au mouvement de la vie. La vie nous pose un défi constant et lorsque la réponse est insuffisante, il y a conflit. Mais en répondant de façon immédiate, réelle et adéquate au conflit, on parvient à la plénitude. C’est dans cette réponse adéquate donnée au conflit que réside sa cessation. Il est donc important de se comprendre… la plus grande importance revient à ce que vous êtes dans la vie : non à quoi vous pensez ou sur quoi vous avez des théories, mais votre conduite envers votre femme, votre mari, vos enfants, vos employés ». Répondre est un acte à sens unique et qui n’attend pas de retour, car c’est une création dans l’instant. La réciprocité de la réponse n’est pas son objet. Elle ne concerne que l’autre et pas moi. Ce qui importe, c’est de demeurer dans l’ouverture consciente et de répondre à la provocation de la vie. Sans différer. Sans demi-mesure. Sans dérobade. Sans fuite en avant sous la forme de l’agression. Répondre dans une déclaration de soi. Ce qui n’est qu’un autre nom pour une dimension oubliée de la relation, celle de l’amour.
    Qu’est-ce qui vient court-circuiter une réponse juste, complète ? Le travail souterrain du concept, de la demande et de la possession. La demande joue un rôle essentiel, car c’est à travers elle que se développent la plupart des dysfonctionnements relationnels et le processus de la dépendance. Si j’entre dans une relation pour obtenir quelque chose (et non pour apporter quelque chose), je me mets illico dans la transe obsessionnelle et la fixation de l’attente. L’autre est sommé de satisfaire mes exigences et s’il ne le fait pas, j’entre dans le cycle de la déception, de la frustration et du ressentiment. Il est important de noter qu’en l’absence d’une compréhension profonde de ces processus, nous interprétons la réponse en terme d’attente. Que ce soit un conditionnement culturel ou pas, qu’importe. Le fait est là : si l’autre se doit de « répondre », c’est conformément à mes attentes. Or l’attente de satisfaction et la réponse juste, sont deux processus bien différents. Les identifier conduit droit au dépit amoureux. Si j’impose à l’aimé(e) le fardeau de mes attentes, il/elle ne pourra jamais le porter ! Il/elle s’enfuira aussi vite que possible. Il/elle verra en moi un manque qu’il/elle ne pourra jamais remplir, même si il/elle essayait ! C’est invariablement ce qui se produit quand la relation se fonde sur un désir, un besoin vital ou psychologique. C’est ce que nous appelons d’ordinaire l’amour, mais que nous ferions mieux d’appeler l’attachement. Dans l’attachement, et son auto-développement comme amour-passion, il n’y a bien des fantasmes, mais pas de relation réelle et moins encore de communion. Il y a surtout une prédation affective, cf. Alquié Le Désir d'Éternité (texte) une consommation de l’autre et la recherche d’un profit affectif.
    Donc, encore une fois, sous la forme de question : « Est-il possible que la relation s’établisse en dehors de toute idée, demande ou possession ? Pouvons-nous être les uns avec les autres en communion –ce qui est la véritable relation à tous les divers niveaux de conscience- si notre relation passe par un désir, un besoin physique ou psychologique ? » En d’autres termes, pouvons-nous vivre la relation pour ce qu’elle est, une rencontre, une rencontre qui, bien sûr, se situe dans l’interdépendance de ce qui est, mais qui n’est pas pour autant une dépendance. Pouvons-nous vivre la relation sans exigenceL’interdépendance est un fait, elle est la Vie elle-même, en tant que relation, la dépendance par contre est un problème introduit dans la relation. « Vous ne pouvez vivre dans l’isolement : exister, c’est être en relation avec autrui. De sorte que notre problème, est que la relation avec autrui qui est cause de conflit, s’accompagne de détresse et de malheurs constants ». Il ne faut pas suivre le cynisme de Sartre. L’enfer, ce n’est pas « les autres ». La relation n’est pas d’emblée conflictuelle, elle est produite comme conflictuelle. La relation ne devient infernale que parce qu’elle est déterminée dès le départ par de mauvaises raisons, raisons qui produisent et perpétuent son dysfonctionnement.

C. De l’auto-référence à la recréation

    La question est donc de comprendre quel est le but véritable de la relation. L’opinion répond que c’est de « trouver » la joie et l’accomplissement. On le dit gentiment, avec de la candeur et de la sincérité, mais c’est une erreur. Le but de la relation n’est pas de « trouver » la joie et l’accomplissement, mais de créer la joie et l’accomplissement. Cela a en fait très peu de rapport avec un autre en particulier, mais beaucoup de rapport avec soi. Celui qui veut trouver est par définition condamné à perpétuellement chercher. Il s’est auto-persuadé par avance qu’il ne disposait pas de ce qu’il cherche, il s’est auto-persuadé qu’il manquait de quelque chose qui se trouvait quelque part ailleurs et comme par magie (du prince charmant et de la belle au bois dormant) dans un être extraordinaire, « l’autre ». Nous n’essayerions jamais de « trouver », si ce que nous cherchions était déjà là. Le but de la relation est de créer à deux, de devenir co-créateur de notre réalité ; ce qui importe, ce n’est pas ce que nous sommes sensé « trouver » dans la relation, mais ce que nous sommes capable d’apporter à la relation. Dans le premier cas, nous sommes dans la relation faible, vide et dépendant, dans le second, nous sommes créateur, ce qui est très différent. Comprendre que nous sommes créateur de nos relations personnelles, c’est déjà participer de la puissance, de la plénitude de l’auto-référence de la Vie. Si nous sommes en relation avec autrui, c’est pour partager notre plénitude, ce n’est pas pour vampiriser l’affectivité d’un autre et combler un manque que nous nous sommes proprement inventé : celui du « besoin de l’autre ».

    1) Les relations humaines ne sont pas un « moyen » d’épanouissement souhaitable, désirable ou enviable. Le but de l’expérience de la relation, n’est pas de combler des « besoins », mais de recréer à neuf ce que nous sommes en co-création avec l’autre et nous ne pouvons créer qu’à partir de ce que nous sommes. Et nous sommes la Vie elle-même dans sa perpétuelle donation à soi. L’idée que j’ai besoin de quelqu’un en particulier pour obtenir ce que la relation est sensée donner - cet étrange objet qu’est « le bonheur » (dont personne ne peut dire en quoi il consiste objectivement !) - amène un extraordinaire dysfonctionnement dans la relation, car elle créée d’emblée une condition, la condition dans laquelle une personne dépend d’une autre pour être heureuse et c’est précisément ce qui nous rend malheureux. Il est très romantique de penser que je n’étais rien avant la venue de l’autre. Mais c’est faux et c’est une illusion désastreuse. En outre, nous n’avons pas conscience de l’énorme pression que la demande impose à l’autre. Nous lui imposons en fait d’être l’incarnation de toutes sortes de fantasmes. Plus grave, nous lui imposons fondamentalement, d’être ce qu’il n’est pas. La demande crée une illusion, l’illusion accomplit une subversion ontologique. Dans un premier temps, bien sûr, l’autre fera beaucoup d’efforts pour être ceci ou cela, à notre convenance, jusqu’à ce que la coupe soit pleine et qu’il en ait assez. Ne pouvant plus remplir tous les rôles auxquels il a été assigné, l’autre finit par ressentir amertume et frustration, la frustration de ne pouvoir accomplir ce qu’il est. D’être aimé tel qu’il est. La frustration engendre la colère et de la colère engendre la violence. Afin de parvenir à se sauver d’une relation pénible, celui dont nous attendions tout, celui dans lequel nous avions mis tant d’espoirs, revient à ce qu’il est vraiment. On dit « il a changé », « elle a changé » ! Réaction ignorante. Il est seulement redevenu lui-même ! Ce qu’il aurait pu rester si la relation avait été fondée sur des bases saines.
    C’était un mirage romantique que de croire que depuis qu’il était entré dans notre vie, nous nous sentions complet. L’illusion ici, était de croire que le but de la relation était de trouver quelqu’un avec qui nous pourrions nous « compléter ». Mais c’est exactement l’inverse qui se produit, car ce que l’attachement finit pas découvrir, c’est que dans la relation nous sommes devenu moins complet qu’auparavant. Moins vivant, moins créateur, moins libre, moins enthousiaste etc. que lorsque nous étions célibataire. Nous avons abandonné une part de nous-mêmes pour trouver une prétendue sécurité avec un autre, tout en croyant trouver la complétude ! ! Il y a une erreur depuis le début. Le but de la relation n’est pas la fusion avec un autre, le but de la relation c’est d’avoir quelqu’un d’autre avec qui partager notre plénitude. La recherche fusionnelle n’est pas l’unité vraie de la vie. Le paradoxe extraordinaire de la relation, c’est que nous n’avons besoin de personne en particulier pour faire l’expérience de notre plénitude, mais sans quelqu’un d’autre, la plénitude ne trouve pas à s’exprimer et il semble alors que sans l’autre je ne suis rien.
    Il est assez difficile d’assumer pareil paradoxe qui est celui de la Vie elle-même. Nous sommes socialement très mal préparés à le comprendre et nous ne sommes pas assez lucides pour tirer une leçon des expériences de nos échecs répétés. Sans la compréhension des processus engagés dans la relation, il est inévitable que en venions à reproduire les mêmes schémas. Alors, il ne reste plus, à partir de bases fausses, qu’à tirer des conclusions cyniques : l’amour ne dure que trois ans dit Beigbeder ! Trois ans d’illusions avant de récidiver trois autres années d’illusions, pour récidiver etc. Ou bien trente ans de désespoir tranquille, quand, ayant perdu tout enthousiasme, on finit par faire de la fatalité une vertu. Nous sommes à la roue, dans une constante épreuve : mesurer à quel point l’autre est à la hauteur de nos attentes. Mesurer à quel point nous avons été à la hauteur des siennes. Et à la fin, les comptes sont clairs et c’est toujours le même résultat : personne n’est à la hauteur ! Les attentes gâchent les relations humaines.

    On nous a dit et répété que pour mettre fin à nos tendances égocentriques, il fallait ne pas tenir compte de soi et donner tout pour l’autre, ce que nous avons parfois compris comme voulant dire nous renier en faveur de l’autre. Bref, la relation doit être fondée sur une obligation. Or ce jeu consistant à faire une véritable obsession de l’autre, au nom du devoir, ne fait lui aussi qu’accroître la confusion. Nous en venons à nous soucier exclusivement de ce que l’autre pense, de ce qu’il croit, de ce de ce qu’il dit, ce qu’il fait, de ce qu’il attend, ce qu’il exige et planifie. Il ne s’agit plus que de se mettre à son service, ce qui est la porte ouverte à toutes sortes de manipulations. Bien content sera en face celui qui trouve là un moyen de servir ses intérêts, en profitant des services qu’on lui offre avec un dévouement de chien battu. L’obsession de l’autre n’est pas un service, mais une servitude. Elle met l’un dans la dépendance, et elle empêche l’autre de faire l'expérience immense du don de soi. La dénégation du soi réassure la tyrannie égocentrique vis-à-vis de l’autre. Puisque nous sommes dans le masochisme et les relations tordues, il faut aussi observer qu’en pareil cas, nous fonctionnons en relation dans un incroyable déficit d’estime de soi. Une pensée sourde trotte dans la tête : « Il faut que j’aime l’autre pour qu’on m’aime, alors, alors seulement, je serais digne d’être aimé… et je pourrais m’aimer ». En vérité, c’est parce que nous nous détestons nous-mêmes que nous avons entrepris de nous sacrifier jusqu’au martyre. Par devoir ! Alors tout devient épouvantablement compliqué. Le manipulateur s’interroge : « on me témoigne de l’amour, étrange, c’est louche… qu’est ce que cela cache ? Non, non, il doit y avoir erreur… Il essaie de me manipuler. Comment pourrait-on m’aimer moi, tel que je suis ? Moi, indigne et insipide. Non, c’est impossible. Il y a fraude. Je ne me laisserai pas faire… je vais l’éprouver. ». Évidemment, cette pensée subconsciente est mère de toutes sortes de pensées filles, les enfants de la perversité : « il va falloir qu’il fasse ses preuves ! Il faut qu’il change son comportement pour moi, qu’il me suive et m’obéisse ». Ensuite, une fois qu’il s’est mis à croire qu’il pouvait être aimé, il y a l’étape suivante dans laquelle il se demande « mais combien de temps vais-je pouvoir garder cet amour ? Comment puis-je assurer cette affection ? La conserver pour moi seul ?». Parvenue à ce terme, la relation est tombée dans un bourbier infernal. Chacun s’y est perdu, car le fait même de se concentrer exclusivement sur l’autre et d’instaurer une relation unilatérale a conduit la relation vers l’échec.

    2) La seule épreuve de la relation est celle que je m’impose moi-même et le plus difficile est de savoir dans quelle mesure j’ai pu produire dans la relation l’expérience la plus élevée de ce que je suis. Conscience. Dans cet espace, il n’y a pas de relation superficielle et de relations privilégiées, il n’y a pas non plus de personne ou de circonstances sans importance et toutes les relations sont sacrées.
    Sur la question de l’échec des relations, il faudrait opérer une remise en question de notre mode de pensée habituel. Les jugements que nous prononçons sur les situations de la vie en terme de bon ou mauvais sont relatifs. Dans le jugement de valeur, rien n’a de sens à part celui qui nous lui accordons à partir des choix que nous pouvons faire et des décisions que nous pouvons prendre. Nous décrétons le bien et le mal à partir de nos attentes, nos croyances et de nos préférences. Si nous n’acceptons pas une situation, nous dirons, « c’est horrible, je suis traumatisé » et nous ferons alors immanquablement l’expérience correspondante. Mais en un sens, il faudrait se souvenir que toute expérience fait partie du scénario de l’âme et peut être que sur ce plan là, il n’existe pas réellement d’échec. Si nous avions conscience du processus de croissance de la conscience, nous verrions peut être sa perfection et nous pourrions rire et danser là où aujourd’hui nous ne faisons que nous lamenter contre des « coups du sort », haïr ceux qui nous rendent l’existence impossible ou envier ceux qui « réussissent ». Ruminer dans nos relations l’amertume et la défaite contre ce qui est, en regard de ce qui « devait être », selon la mesure de nos fantasmes les plus brillants, c’est peut-être passer à côté de ce que la relation a pu nous apprendre. La relation est une occasion extraordinaire de manifester ce que nous sommes et un défi constant, car elle me met immédiatement en présence de la vie. Nous pouvons toujours croire que les choses seraient plus simples si nous évitions toute rencontre. On peut filer dans un endroit paisible, trouver une caverne et faire une retraite, mais nos problèmes nous suivrons partout, parce qu’ils prennent naissance en nous-mêmes. Ils se manifestent avec la plus grande acuité dans la relation à autrui et c’est en fait le meilleur endroit pour les affronter. L’autre n’est pas la « cause », de nos difficultés relationnelles, mais l’occasion par laquelle elles se manifestent à nouveau. Il serait sur ce plan intéressant d’observer que, dans nos difficultés, la plupart d’entre nous fonctionnons à partir de la répétition d’un modèle. Ce n’est certainement pas par hasard si nous attirons vers nous certaines personnes pour retrouver les mêmes angoisses, les mêmes craintes et les mêmes déceptions.

    Encore une fois, la relation commence, se développe et s’achève dans le Soi. Elle est bien plus qu’un processus de recherche d’une improbable satisfaction : elle est à chaque instant et de manière toujours différente, une création. Si j’aborde la relation dans la perspective d’une attente, il y a très peu de chance qu’elle puisse être un accomplissement, car je ne découvrirai dans la relation que ce que j’aurais pu y mettre et non pas y chercher. Quand on cherche, on cherche de l’autre ; une relation dominée par l’attente, est hantée par l’altérité. Inversement, quand nous abordons la relation comme une création, ce qui importe, c’est ce que je suis dans la relation, le soi ; ce qui transforme, ce qui bouleverse, ce qui grandit la relation est une création de soi par soi. C’est dans l’âme que se joue la relation.

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Ce qui nous rend réellement heureux, c’est de pouvoir à chaque instant faire l’expérience de notre vraie nature. Ainsi, la relation n’a jamais pour fin de « trouver » l’accomplissement, ni de trouver la joie, ni de trouver le bonheur, mais de partager mon accomplissement, ma joie et mon bonheur.
    Selon le mot d’Alain dans les Propos sur le Bonheur, « Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d'autrui; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux ». C’est sur ce point que nous avons l’esprit très embrouillé, car on nous a appris que ce n’était pas bien de penser à soi, que c’était de l’égocentrisme ! Bref, c’est bien d’aimer les autres, mais mal de s’aimer soi-même ! Non. La vérité, c’est qu’il est hautement recommandé de s’inclure soi-même dans l’éventail de ceux vers qui nous ouvrons les bras ! Il est aussi important de donner à l’amour de soi une amplitude qui va très au-delà des limites factices de l’ego. Et l’amour de soi n’est pas l’amour-propre. L’amour de soi jamais ne portera préjudice à quiconque, car l’amour de soi n’est rien d’autre que l’amour que la Vie se porte à elle-même. C’est assez radical à comprendre mais d’un point de vue de conscience élevé, ce que l’autre est en train de faire, de dire, de vouloir, d’exiger n’a aucune importance. Ce qui importe, c’est ce que je suis dans cette situation d’expérience. La personne la plus aimante sera toujours celle qui est centrée sur le Soi. L’amour n’exige rien, il donne sans attendre de retour et il trouve sa joie dans le fait même de se donner. Il n'est pas conditionnel comme l'est l'attente.

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    La relation est aussi complexe qu’est la vie elle-même. Elle exige une réponse juste du soi, elle exige que le soi demeure soi, tout en trouvant en lui-même la puissance de création que toute relation exige. Il ne s’agit plus sur ce terrain de question intellectuelle, mais de mise en jeu de l’affectivité. C’est sur ce plan là que nous sommes le plus faible et aussi le plus fort. Le cœur est faible parce que par essence il ne peut que passivement s’éprouver lui-même dans la donation du sentiment. Le sentiment est le langage de l’âme. Écouter ses sentiments, c’est écouter son âme. Nous souffrons de ne pas écouter l’âme et de continuer à servir nos pensées, à construire nos mirages pour tenter de rentrer de force une réalité dans un modèle qui ne lui conviendra jamais. L’autre n’est ni ce que j’imagine, ni ce que je souhaite et il n’est pas débarqué du fond de l’univers sur ma petite planète personnelle seulement pour me servir. L’autre est libre et c’est en lui accordant sa liberté d’être ce qu’il est que je puis connaître avec lui la plénitude de la relation. L’amour n’enlève pas la liberté, il l‘accorde. Aimer c’est glorifier la liberté de l’autre. Le mystère, c’est que c’est justement quand nous donnons de l’amour sans rien attendre que nous pouvons aussi en recevoir. Parce que nous ne l’avons justement pas cherché.

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  © Philosophie et spiritualité, 2005, Serge Carfantan,
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