Il est indispensable de compléter l'étude de cette leçon par la lecture des
textes. En premier lieu, trouver si possible Sois ce que tu es,
édition Maisonneuve, et l'Enseignement de Ramana
 Maharshi,
Albin Michel, lire aussi Qui suis-je?, la quête sacrée,
de Jean Klein. Enfin, prendre ensuite Nisargadata Maharaj Je suis. Si
vous n'avez jamais lu de textes de la tradition indienne, commencer par Jean
Klein. Il est très clair pour un occidental et c'est aussi un auteur qui
s'inscrit directement dans le Vedânta.
Vincent Primard
Je vais me permettre ici
une assertion osée mais qui peut être facilitera et éclairera pour d’autres
cet accès au Soi , si essentiel et pourtant si problématique . La voici :le
‘’Je pense donc je suis ’’de Descartes ne serait-il pas plutôt un ‘’Je pense
car je suis ‘’ ?En effet, dans la première proposition, la pensée apparaît
comme unique preuve du ‘’je suis ‘’,tandis que dans la seconde elle n’en
serait qu’une parmi tant d’autres possibles. Par là je veux signifier qu’un
‘’Je souffre ‘’ ou qu’un ‘’Je ris ‘’,’’Je pleure ‘’,’’Je chante’’,
’’J’éternue’’… , me semblent des preuves tout aussi valables que le ‘’Je
pense’ ’exclusif cartésien. Car sinon, avant que de penser, ne serai-je donc
pas sûr d’exister ? L’important il me semble est de comprendre que notre
pensée n’est pas première en nous, qu’en amont de celle-ci se situe le Soi ,
cette entité insaisissable car pure Affectivité , pour reprendre cette belle
idée chère à Michel Henry. Avant que de devenir ‘’êtres de raison’’ ne
sommes- nous pas ‘’êtres de passion’’ ? Et cette Passion n’est-elle pas
notre Soi, qu’on peut expérimenter dans notre vie mais jamais saisir ?La Vie
est un vécu avant que d’être une pensée, et la pensée doit être au service
de ce vécu, et non l’inverse !
N’était-ce pas le but des penseurs antiques,
acquérir une pensée juste pour une vie belle ? Toute la beauté et la force
de la philosophie me semblent se condenser en cela, à savoir non pas
philosopher pour le simple plaisir de jongler avec des concepts, mais
méditer en vue d’accéder à une vie bonne , à la plénitude d’une existence
éprouvée dans l’harmonie avec soi-même. La pensée est fille de la Passion
et, grâce à un regard sur elle-même, elle peut détruire la scission qu’un
Ego envahissant a instauré entre la Passion et notre vie. Toute pensée
renferme une parcelle de pathos, je dirai même sans pathos point de pensée,
car en effet la quête elle-même d’une Vérité irréfutable, d’une évidence
absolue telle que Descartes la voulait, ne reflète-t-elle pas un certain
pathos, une certaine crainte face à la vie que seule peut contrer la
rencontre d’une portion de Vérité ? L’essentiel me semble de parvenir à être
un ‘’esprit libre’’, c'est-à-dire libéré des constructions mentales qui
servent notre Ego, mais desservent totalement notre adhésion à notre nature
propre (j’emprunte ce terme à Spinoza, prince des philosophes !).Une force
unificatrice gît (gésir à l’infinitif !) au plus profond de nous qui
n’attend que notre accord pour se manifester et nous faire ainsi cohérer
avec le Tout. Laisser diffuser cette force de cohésion entre Je et le Tout
,c’est accéder à la liberté de l’esprit et donc laisser se manifester le Soi
qu’un Ego tenait dans ses rets grâce à des représentations toutes illusoires
.
R. Je crois me souvenir
que quelque part Michel Henry disait effectivement que Descartes aurait pu
dire "je tremble donc je suis" ... C'est drôle mais c'est tellement évident
que je me demande pourquoi personne n'a pensé à votre formulation "je pense,
car je suis".
Cintrat Ladislas
Le détachement est profondément libérateur, car il rend la phénoménalité à
elle-même et par là le sujet à lui-même. la phénoménalité implique un Témoin
complètement impersonnel et dénué de forme, réceptacle de toute expérience,
mais qui est à jamais introuvable et insituable, car il est ce à partir de
quoi se déploie l’espace-temps-causalité du monde phénoménal. De même qu’une
conscience plus élevée libère de la phénoménalité, la même conscience libère
de l’ego en percevant son irréalité. maintenant présent.
Patrick Cresson
Bonjour Serge,
Je viens de lire ton article sur « la théorie des
trois états dans le Vedânta »dans Alter N° 5/1997.
Tu dis que dans le sommeil profond la conscience objective est dissoute
(l’ego de la vigilance de l’état de veille s’est résorbé). Tu précises
que « cette négation ne porte pas atteinte à l’ipséité fondamentale » et
qu’il y a une continuité de la conscience dans le sommeil profond. Alors je
te pose la question : est-ce que c’est le Soi qui connait dans le sommeil
profond ce sentiment paisible de soi ? et comme il n’y a pas deux Soi,
est-ce que c’est ce même Soi qui au réveil dit : « j’ai bien dormi » ?
est-ce que tu peux m’éclairer ?
R. Ramana Maharshi le dit souvent, dans le sommeil profond, il y a
résorption dans le Soi. Le sens de l'identité du je suis est
immanent à la création. Il est encore présent à l'état germinal dans le
sommeil profond, avec son caractère illimité, mais le voile de la torpeur,
le tamas, nous empêche d'en avoir l'expérience. Le visage détendu de celui
qui dort, la paix profonde ressentie encore au lever sont liés à l'immersion
dans le Soi. Avec l'entrée dans la vigilance, je sens du je se détache et se
particulariste, l'ego s'attribue une paix qui ne lui appartient pas du tout,
car le moment le plus paisble est justement celui où le sens du "moi, moi"
disparaît. C'est exactement la même chose avec le bonheur, les moments les
plus heureux sont toujours ceux où il n'y avait pas de "moi" pour
revendiquer quoi que ce soit. Le parfum du Soi s'élève et le bonheur est là,
car ânanda appartient essentiellement au Soi. Pas à l'ego.
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Avec la participation de : Vincent
Primard.
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