Cette leçon est un prolongement direct des leçons
précédentes sur le même thème
de l'illusion. Elle propose une interprétation théologique
de l'illusion. Sur mâya, dans les
textes, lire par exemple Sept récits tirés du Yoga Vashshista
traduits par Michel Hulin, Editions Berg. Il existe dans le
Je suis de Nisargadata Maharaj bien des
passages qui plaident en faveur des idées soutenues dans cette leçon.
Pour ce qui est de la partie C, voir par exemple sur le site les
textes de
John Smallman. Il est
possible, pour les personnes qui ont une culture chrétienne de se
référer aussi au "Vedânta chrétien" d'un
Cours en miracles d'Helen Schucman.
Cette leçon est partie intégrante du
volume Le Voile de
l'illusion. Cependant, vu le thème, au croisement entre
religion et illusion, ce chapitre figure aussi dans un autre livre,
publié chez Amora
De la
religion à la spiritualité.
Il avait aussi toute sa place dans ce volume.
Patrick Cresson Merci Serge,
1-La réfutation de Shankara (en introduisant le pouvoir de manifestation
d’Ishvara) contre les bouddhistes nihilistes est percutante. Par contre elle
introduit une cosmogonie dans une vision qui est censée être non-dualiste.
N’y a-t-il pas là la superposition de deux visions incompatibles ? 2- De
plus, dans le champ de mon expérience (faite à la première personne et à
quelque degré que ce soit), je ne fais pas l’expérience d’un « Dieu créateur ».
Les choses et les êtres existent parce que j’existe, avec comme une
préséance de mon existence par rapport au monde, aux concepts, etc.. En
d’autres termes comment rendre compte, que le monde de l’état de veille,
n’est pas un monde onirique (production de l’activité de mon mental), sans
faire intervenir le notion d’un « Dieu créateur » ? 3- Pour finir,
comment interpréter correctement la notion de Maya (introduit par Shankara),
pour ne pas en faire l’instrument d’une pure illusion ?
R. 1. Mais pour cela, il faudrait que la
Manifestation soit réellement duelle ! Ce qu'elle n'est pas. La
dualité entre Isvara et prakriti est seulement apparente, c'est c'est en
substance la même chose sous des aspects différents. Comme l'océan en
surface est agité par les vagues toujours changeantes ainsi en est-il de la
Manifestation sans commencement ni fin. Mais les vagues de surface sotn de
la même eau que celle qui est immobile tout au fond de l'océan. La même eau.
La même substance. En surface, c'est le jeu de l'espace-temps-causalité. C'est la lila cosmique, le Jeu du
divin en lui-même, car il n'y a que Lui et rien d'autre. Rien d'autre. Pas
de second. Mais sur le plan du manifesté, le mental humain introduit la
dualité sujet/objet et dans la foulée l'esprit se raconte tout le folklore d'une
cosmogonie. Qui est bien sûr une fiction. Dire que la Manifestation est le
rêve du Divin, de même que nos cauchemars sont nos rêves oniriques est assez
pertinent, mais le plan est supérieur tout de même à ce qui se passe dans
nos petites aventures la nuit en rêve, l'aventure de la Vie s'expérimentant
elle-même est très haute en couleur, en immense durée et en contrastes violents, et elle
inclut cette fois tous les participants cocréateurs du monde de la vie à l'état de
veille. Elle inclut la cocréation de la créativité infinie de
l'univers et la créativité de l'être humain qui peut fabriquer l'enfer sur
Terre ou y faire descendre le paradis. Tout dépend du niveau de conscience
de l'humanité. Par contre l'état de rêve nocturne est privé, seul le sujet y
a part. On dit que c'est la demi-manifestation de l'ego.
2. Correct bien sûr. La première personne est
sakshin, le Témoin, la position la plus parfaite qu'un être humain puisse
assumer, car elle est le "je suis" sans forme témoin de la Manifestation. La
Manifestation est entièrement spontanée, elle jaillit de l'Esprit, mais
attention, mon
esprit n'a jamais été séparé de l'Esprit. Si le sens d ela séparation est
illusoire, il n'y a que l'Esprit. J'ai besoin d'un Dieu créateur car
je présuppose l'existence réelle d'un temps linéaire. Un commencement de tout, alors qu'il n'y a pas de commencement et
pas de fin et le commencement et la fin se confondent dans l'éternité. Le
temps linéaire fait partie de la fiction. Le
"je suis" est inséparable essentiellement du pouvoir infini de la
Manifestation, mais comme je ratatine le "je suis" dans une individualité
limitée, "moi", alors il me faut inventer tout le cirque d'une cosmogonie. Quand je me
rendrais compte que c'est une illusion, j'aurais l'espace d'un instant un
aperçu grandiose que je suis partie intégrante d'une symphonie cosmique. Et
encore c'est peu dire, en mon Etre réel, je suis la symphonie.
3. Shankara répète expressément que la
compréhension de mâya dépasse l'entendement humain. Ce n'est pas la peine
d'essayer. On voit très bien ses effets, mais pas ses mécanismes. Ce qui
s'en approche le mieux, c'est la lila cosmique. Ce ne serait pas très
amusant si l'Absolu se contentait de dormir en samadhi pour
l'éternité, pour la joie du jeu, pour le gout de la surprise et de
l'aventure temporelle, il faut aussi du relatif et le partage d'une
créativité sans fin. Une cocréation où la conscience devient de plus en plus
consciente d'elle-même sur le plan relatif, une cocréation où elle peut
manifester les qualités les plus nobles et les plus élevées. L'aventure
évolutive et le drame humain sur Terre. De la conscience égotique forcément
meutrière à un niveau de conscience plus élevé. Mais cela fait encore partie
de la phénoménalité qui est une illusion. En Réalité le Soi est parfaitement
réalisé et complet. Mais pour le fun, l'expansion infinie de la créativité
dans le cosmos, les surprises sans fin et la création renouvelée, c'est très
joyeux.
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