Cette leçon vient complément d'une leçon précédente. Celle qui porte sur la
démocratie directe. Il était en effet impossible en une seule leçon de
proposer une analyse suffisante des raisons pour lesquelles nous sommes dans
l'obligation de bien distinguer démocratie et gouvernement représentatif.
Nous nous appuyons sur Bernard Manin Les principes du gouvernement
représentatif. Un ouvrage remarquable. Attention, pas plus que pour ce livre
que pour d'autres qui font l'objet d'une leçon, il ne s'agit pas de faire
une sorte de "fiche de lecture". La leçon s'intègre dans la lignée de
réflexion de celles qui précèdent dans la même notion. Avec d'autres
chapitres du même livre.
Nastasia B.
(ci-dessous un extrait de commentaire paru sur
Babelio du livre de David Graeber La Démocratie aux marges, qui est
tellement dans la continuité de cette leçon qu'il pourrait aussi en être le
commentaire)
Peut-être pensez-vous vivre dans une démocratie ? Peut-être
imaginez-vous qu'il n'est pas de forme plus démocratique de gouvernement que
celle à laquelle sont arrivés un certain nombre d'états dits " occidentaux ".
Eh bien, Mesdames et Messieurs, au risque de vous surprendre, de vous déplaire
éventuellement, je suis au regret de vous dire que vous ne vivez pas dans une
démocratie et que vous n'y avez jamais vécus. Non, vous vivez dans une
république. Or, bien qu'on essaie de vous faire accroire que république et
démocratie sont des termes synonymes et interchangeables, il n'en est
rien. L'exemple classique de la démocratie, c'est celui des cités-états
grecques du Vème siècle avant J.C., qui correspond, soit dit en passant, à la
participation de chaque citoyen aux décisions collectives, c'est-à-dire à
chaque citoyen homme et en âge de porter les armes. Les femmes n'ont
évidemment pas voix au chapitre ni les non citoyens, qui sont assez nombreux.
Le régime politique que nous expérimentons tous depuis notre enfance n'a rien
à voir avec cela. Il s'agit d'une république représentative où toutes
les décisions politiques sont prises par deux assemblées de représentants et
validées par un pouvoir suprême. Ces deux assemblées sont censées représenter,
pour l'une, le peuple, pour l'autre, l'aristocratie bourgeoise. Ces modèles
républicains s'inspirent donc en tout du modèle de la république romaine et
absolument pas de l'agora d'Athènes. À Rome, l'équilibre décisionnel était
répartit entre le Sénat, c'est-à-dire les représentants de
l'aristocratie, et la Plèbe, les représentants des hommes libres issus
du peuple. Le tout étant chapeauté par le consul, celui qui a la décision
finale en cas de litige. En France, c'est exactement ce modèle : la Plèbe,
c'est l'Assemblée Nationale et le Sénat... ça ne s'invente, pas, c'est le
Sénat. Aux États-Unis, idem, la Plèbe, c'est la chambre des représentants et
le Sénat, qu'est-ce que c'est ? je vous le donne en mille : le Sénat. En
Grande-Bretagne, la Plèbe, c'est la chambre des communes et le Sénat, c'est la
chambre des Lords, etc., etc. chacun reconnaîtra son type de gouvernement.
Bref, rien qui ait vraiment à voir avec la démocratie et c'est cela que David
Graeber a le mérite de mettre en lumière".
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Avec la participation.
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