Fanny Dehez
Selon ce que je sais, chaque révolution a été lancée
par des lettrés, des alphabétisés. En effet, avant que la bourgeoisie ne
décide de mener la Révolution Française en prenant à partie les injustices
dont souffrait le Tiers-État, ce dernier était dans ce qu'on pourrait
appeler, comme La Boétie, "la servitude volontaire". Il en va de même pour
les révolutions antérieures, menées par des personnages d'une certaine
culture. C'est pourquoi, à mon avis, pour sortir d'un état oppressif, il
faut privilégier l'éducation des enfants par delà le monde. De nos jours, en
France, on se plaînd de la pluralité exhaustive des partis politiques. On
devrait, au contraire s'en réjouir car cela est le témoignage de la
diversité des opinions de toutes les couches de la société qui a été
alphabétisée.
La Révolution du Jasmin n'a eu lieu que par le niveau culturel universitaire
de la Tunisie
qui leur a fait prendre conscience de l'injustice de leurs
conditions de vie. L'éducation culturelle, même minime, participe à
développer l'éveil naturel de l'esprit. En France, avant les années 60, une
seule couche de la société pouvait prétendre financièrement à des études.
Les Révolutions industrielles et la société de consommation, aussi
critiquables qu'elles peuvent aujourd'hui l'être, ont permis, par
l'enrichissement des états démocratiques, la démocratisation de l'éducation.
On dit tout le temps : " L'Allemagne était un grand pays cultivé ! Comment
a-t-elle pu basculer dans le nazisme ?" Or, si l'Allemagne était cultivé,
les Allemands l'étaient, majoritairement, beaucoup moins. Hitler et ses
compères ont servi à la nation allemande des idéaux prétendument
scientifiques et elle y a cru ; comme, nous-même, croyons, de nos jours, à
toutes les théories balancées dans divers magazines tant qu'on nous sert du
"c'est scientifiquement prouvé !".
Les leaders des
révolutions ne sont pas seulement des symboles sur lesquels repose la
ferveur de tout un peuple ; ils sont aussi et surtout des meneurs dont
doivent s'imprégner les gens pour se rassurer durant la phase de changement
qu'est la révolution, ce personnage qui " saura quoi faire pour que nous ne
nous retrouvions pas dans le chaos après le changement. Dans tout
changement, ce qui fait peur aux hommes, c'est la nouvelle incertitude
concernant l'avenir. Ces meneurs sont, également,ceux qui conçoivent les
idéaux qui portera un peuple, tant et si bien que, inconsciemment, ils
projettent leur propre idéal qui, dans la ferveur générale, passe pour un
principe universel dans l'idéal des révolutionnaires.
Nous ne faisons
pas de révolution aujourd'hui parce que nous sommes tombés dans l'indigence
bourgeoise et confortable ?????
Je pense plutôt que
le nazisme et le communisme sont ancrés dans notre inconscient culturel,
tant et si bien que, par l'étude de l'histoire du monde dans nos écoles
démocratisées, nous sommes devenus plus responsables, plus adultes,moins
enclins à des idéaux extrémistes. Nous pouvons le constater, en France,
quand nous remarquons que les trois partis à recevoir le plus de suffrage
sont situés au milieu de l'éventail. D'ailleurs, il est facile de promettre
aux humbles une vengeance sur les bourgeois en les endoctrinant. Certes le
capitalisme et la bourgeoisie n'ont rien des grands idéaux humanistes mais
ne représentent-ils pas le meilleur compromis pour l'instant ? Faire de la
bourgeoisie un idéal, celui de la montée universelle d'une classe moyenne
n'est-ce pas un bon compromis ? Ne plus viser un idéal mais une
généralisation d'une population pour la rendre la plus bourgeoise possible
n'est-ce pas une bonne idée ? Bien entendu le mot "bourgeois" est devenu une
insulte mais le resterait-il si nous étions tous des bourgeois ? Même
Auroville, le paradis des soixante-huitards n'a pas résisté au capitalisme
et à l'enrichissement. Le problème est-il la honte par essence de
l'enrichissement ou la honte de voir que des pays n'arrivent pas à accéder
au statut bourgeois ?????? Dès qu'on a l'éducation on est riche ; on est
bourgeois !!!! Alors même si ça paraît être un propos affreux de petite
bourge, je proclame être pour la généralité de la bourgeoisie dans le monde.
Chacun bourgeois d'un domaine, nous vivrions en interdépendance bourgeoise !
Car que voulons-nous : que les pauvres deviennent riches ou faire un idéal
misérabiliste dans lequel nous serions tous égaux dans la pauvreté ?????
Personnellement, je trouve odieux qu'on
nous demande de l'ouverture d'esprit vis-à-vis de tout sauf de nous-même, de
notre société . Un peu d'indulgence avec elle, avec soi. Certes, elle est
perfectible mais elle est sans cesse comme une adolescente (j'ai déjà
expliqué ce point dans un autre commentaire ), sur le chemin de sa forme, de
sa perfectibilité ; comme c'est le cas de chacun de nous. Soyons patients,
tolérants et, surtout, toujours critiques envers elle, envers nous-mêmes, et
demain, nous ne nous décevrons pas ; et elle non plus ! pour entrer dans la discussion, cliquer sur l'image
Avec la participation de Léon Morilleau, Fanny Dehez..
Bienvenue| Cours de philosophie| Suivi des classes|
Dialogues| Liens sur la philosophie| Nos travaux| Informations E-mail : philosophie.spiritualite@gmail.com
|