Questions et réponses pendant le cours :
Sagesse et révolte
La prosopopée liée à Huxley est bien de
l'auteur de ce texte, à savoir Serge Carfantan et non d'Huxley comme cela a
été très souvent répété sur Internet par erreur. Le texte a tourné en
boucle. Merci de rectifier y compris dans les traductions en différentes
langues qui ont été faites de ce texte sans prévenir l'auteur.
Pierre D
Bonjour, Ceci n'est qu'une suggestion concernant l'article Sagesse et
révolte qui n'est pas encore fini: il serait intéressant de faire un
paragraphe sur le militantisme acharné de Simone Weil, son positionnement du
côté de la révolte ouvrière, ou plus généralement du côté du dénuement.
Comment foi et sagesse nourrissent-elles une révolte permanente contre
l'ordre établi? Comment expliquer cette "logique" implacable de la sagesse:
le combat ne s'arrête jamais? Amicalement.
Vincent Primard
Permettez-moi de vous exposer ma réflexion
sur le lien existant entre sagesse et révolte. Il m’apparaît que le
philosophe (ce chercheur de Vérité ) et le sage (ce philosophe accompli )
ont à mener fondamentalement deux révoltes ; la première est à effectuer au
sein même de notre propre esprit afin de le purifier à l’extrême ( il s’agit
de vider la conscience de toutes les pensées parasites donc nocives issues
de l’ego ou d’un traumatisme du passé non résolu ). Une fois la pureté et la
fluidité de la pensée retrouvées, sans autre limite que celle qu’impose la
physiologie et non- plus la psychologie, une fois retrouvé ce sentiment
d’Unité qui seul permet d’accéder à l’essence de la Vie, alors peut débuter
la seconde révolte à mener non- plus à l’intérieur de nous-mêmes, mais à
l’extérieur ; elle doit se porter sur l’en-dehors de soi-même et se pose
alors la question du ‘’ comment mener cette révolte ? ‘’. Le philosophe ou
le sage n’ont à leur disposition qu’une seule arme pour mener à bien ce
mouvement de révolte , à savoir la Vérité. Arme non-violente car n'ayant ni
pouvoir de dissuasion, ni de persuasion ni de contrainte, mais arme d'une
infinie puissance car dissipant l'épais brouillard d'inconnaissance de nos
esprits, elle nous permet d'accéder à la Plénitude. Le philosophe ou le sage
mènera donc sa deuxième révolte dans la joie que procure la Plénitude, armé
de ce brin de Vérité qu'il aura cueilli au plus profond de lui-même, sans
attendre de résultat précis, sans but précis à atteindre, vagabondant
allègrement dans cette Vacuité bien méritée, témoin en chair et en os que
seule la Vérité est libératrice et que vivre en Vérité est une révolte
permanente contre tout ce qui aliène l'esprit. Je trouve que votre site
''Philosophie et Spiritualité '' témoigne de façon magnifique qu'un
philosophe (un sage? ) digne de ce nom est en révolte incessante contre la
médiocrité, le conformisme et l'inconnaissance qui sont de réels obstacles à
l'émancipation de la Vie. La volonté de puissance, présente en chaque être
vivant, mise au service de la connaissance ( car la connaissance en effaçant
de la peur augmente notre puissance! ) témoigne de la magnificence de la
Vie. Il me semble que l'une des missions prioritaires de tout philosophe
respectable doit être de susciter le mieux qu'il le peut ce désir de
connaître, car plus la connaissance croît plus décline le besoin d'adhérer à
une croyance quelconque qui ne peut qu'aliéner notre liberté.
Willy C.
Il me semble que c'est vous qui avait écrit " Au cœur de la catastrophe, se
réveille une humanité, ou mieux, l'humanité en chacun est mise au pied du
mur " cette phrase, mais je me trompe peut être me fait penser à ce
qu'écrivait Anne Dufourmantelle la philosophe et psychanalyste récemment
disparue dans des conditions tragiques
Dans un de ses ouvrage" Éloge du risque " , elle dit:
«Quand il y a réellement un danger auquel il faut faire face , il y a une incitation à l'action très forte, au dévouement, au surpassement de soi»,
Elle aura ainsi fait sienne la magnifique phrase du poète Hölderlin qu'elle admirait:
« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve »
prémonition ou pas , en tout cas, elle s'est montrée digne de ses idées. La philosophie ce n'est pas vivre uniquement dans les livres et l'abstrait, c'est vivre dans l'action, cette femme en a été l'illustration même. Qu'en pensez vous ?
Je dois avouer humblement que je ne vous connaissais pas , et c'est tout à fait par hasard... que je suis tombé sur un article qui citait un de vos textes
« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. [...]
Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste.
Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée.
Surtout pas de philosophie. Là encore il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des informations et des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif.
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique.
Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains.
Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté : de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. »
Cependant, il ne s’agit pas d’un extrait du Meilleur des mondes, mais d’un texte de Serge Carfantan écrit en 2007 et intitulé « Leçon 163 : Sagesse et révolte ». Personnellement je trouve remarquable l'analyse que vous faîtes ...
R. Merci pour vos remarques, vous respectez l'esprit des textes. Tous les écrits du site sont portés par une intensité, il est impossible de faire autrement dans une période de confusion comme la nôtre, mais sans alignement sur un parti politique quelconque. C'est expliqué dans le manifeste.
Avec la participation de Pierre D, Vincent Primard, Willy C.
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