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 Raphaëlle Delaunay : Même si on sait qu'on détourne inconsciemment ou consciemment (je ne sais pas), les faits à notre avantage et à l'image que nous tentons de donner aux autres de ce que nous voudrions être, on continue à la faire en feignant l'ignorance. Pourquoi?
 
    R. Est-ce que ce n'est pas typiquement de la mauvaise foi?  L'ego a besoin pour exister de se poser face à un autre ego et cela inclut l'image du  moi qui me donne une existence, une consistance individuelle. Ou est l'ignorance? De ne pas se rendre compte que tout ce trafic avec l'image est vain, inutile et qu'il serait temps d'être beaucoup plus simple. Un être humain qui perd la présomption, qui cesse de chercher à se faire valoir à tout prix est tellement touchant ! En redevenant simple on redevient proche. Seulement cela retire à l'ego son influence. Et pof, ! On retourne dans la complication. L'ego ne peut pas être simple, car rester simple, c'est justement rester sans le sens de l'ego. 
    Gaëlle JegouxD'où vient le dédoublement de personnalité? Est-ce quelqu'un qui n'a pas trouvé son moi?
 
    R. Non, plutôt une dissociation de la mémoire. Deux parties de la mémoire sans lien sembler structurer deux personnalité différentes. Cela tend à prouver d'ailleurs que le moi n'est rien d'autre que la pensée se retournant sur elle-même ! 
    Alice MarvierPourquoi nous ne souvenons-nous pas de nos rêves au réveil? Est-ce encore le processus de refoulement qui agit?
 
    R. Non, c'est simplement le fait que la torpeur du sommeil profond doit tout effacer au matin. Si le sommeil était plus léger, il y a de bonnes chances pour que le souvenir devienne plus clair. 
    Émile BardetComment expliquer le fait que dans le rêve on puisse se voir de l'extérieur? Pourquoi se désigner alors comme "elle".
 
    R. C'est assez curieux comme expérience et plutôt rare. On dirait ce que les psychologues transpersonnels appellent OBE, out of body experience. Je ne peux rien dire de précis à ce sujet. Vous trouverez pas mal de documentation sur le sujet sur le Net. 
    Émilie DucasseSi on suit le raisonnement de Descartes, la vie pourrait être incohérente et le rêve cohérent! a la limite, la vie c'est le rêve et le rêve, c'est la vie.
 
    Julien GarciaS'il existe un malin génie, pourquoi s'embêterait-il à créer un monde illusoire?
 
    Sandie Miranda-BouillaguetC'est vrai qu'il y a des moments où de petits détails qui se passent dans nos rêves nous semblent étranges, on ne sait plus si cela s'est réellement passé. Comme si l'état de rêve mangeait un peut l'état de veille. Mais avec Descartes, on en vient à penser que vivre ne sert à rien, vu que l'on n'est même pas sûr que la vie n'est pas un rêve.
 
    Fanny BoccabaraSi la vie est un rêve, tous nos souhaits, nos efforts pour réussir ne sont que des illusions! Alors finalement, à quoi sert d'avoir un but dans la vie s'il n'est pas réel?
 
    Joseph EssaJ'ai oublié de m'exprimer sur "je pense donc je suis" la dernière fois 
    Descartes était un mathématicien, donc on peut penser que lorsqu'il disait 
    "je pense donc je suis", c'était sans doute à peu près "si je pense, alors 
    je suis" (qui, dans la logique, est équivalent à "si je ne suis pas, alors 
    je ne pense pas"). Penser est une condition suffisante pour être, mais pas 
    nécessaire. Si je ne pense pas, d'après le théorème de Descartes, on ne peut 
    pas conclure si je suis ou si je ne suis pas.
 
    Q : Descartes écrit : "Lorsque quelqu'un 
    dit : "je pense, donc je suis", ou "j'existe", il ne conclut pas son 
    existence de sa pensée comme par la force de quelque syllogisme, mais comme 
    une chose connue de soi, il la voit par une simple inspection de l'esprit". 
    C'est donc par intuition directe, non par l'effet d'un raisonnement que nous 
    rencontrer l'évidence de l'être, ce que dans le cours nous disons par "je 
    suis". C'est pourquoi nous insistons pour dire que "je suis" est dans la 
    formule cartésienne plus important que "je pense".  
    Voici ce qu'écrit Eckhart Tolle dans le 
    pouvoir du moment présent: "Le philosophe français Descartes a cru avoir 
    découvert la vérité la plus fondamentale quand il fit sa célèbre déclaration 
    : « Je pense, donc je suis. » Il venait en fait de formuler l'erreur la plus 
    fondamentale, celle d'assimiler la pensée à l'être et l'identité à la 
    pensée". Il veut dire que l'Être est le soi et que je sens intime de "je 
    suis" précède toute pensée réflexive, je suis étant plus fondamental et 
    originaire que je pense. Donc être est condition nécessaire pour penser, 
    mais la pensée peut ou pas se formuler, comme dans le sommeil profond. Dans 
    le sommeil profond le sentiment subtil d'être subsiste, mais le mental est à 
    l'arrêt. Donc nous disons que le sens de l'identité est immanent à la 
    conscience. Même l'animal a un sentiment vif d'exister, mais il ne se 
    "pense" pas lui-même, étant dépourvu du mental humain. 
    Joseph EssaMerci pour ces remarques 
    pertinentes. Vous pouvez intégrer mon texte sur le site si la réflexion est 
    intéressante. Oui, il ne s'agit pas clairement d'un syllogisme. Mais nous 
    sommes d'accord qu'être est nécessaire pour penser. Peut-être que ceci 
    deviendrait une simple définition stérile, puisque le contre exemple serait 
    l'éventuelle possibilité qu'il existe de l'esprit partout et même dans le 
    vide. Au quel cas, "être" n'aurait plus de sens distinctif, puisque tout ce 
    qui existe "serait". Par ailleurs, comme nous en parlions en classe, la 
    matière qui constitue un être est en perpétuel renouvellement, pourtant, il 
    n'apparaît de discontinuité évidente du fil de notre pensé.
 
    
    Jean D.Je trouve dommage que vous limitiez la question de la distinction entre rêve et réalité à la vision de Descartes. En effet si le raisonnement de Descartes aboutit au fait qu'on ne puisse pas distinguer l'état de veille de celui de rêve dans certain cas,
 d'autre auteur comme Bergson, Leibniz ou Sartre se sont aussi intéressés à cette question. Cependant il est vrai que ces raisonnements n'ont peut être
 pas leur place dans une leçon sur la nature du sujet pensant.
 Jean Pierre Saenz"La conscience pose la matière" Juste un commentaire sur l'unicité entre 
    observé observant observateur. Sans observateur: pas de réalisation 
    (décohérence)? Sans 'Je', ce témoin de l'existence de l'univers: pas 
    d'existant ? Tous les 'Je' font exister chacun son univers "La découverte du 
    'Je' transcendantal" Allons au bout de l'idée: à ma mort un autre 'Je' pour 
    faire perdurer son univers est donc impossible. Non seulement il n'y a rien 
    pour ce 'Je' après la mort de 'moi' mais même tout mon monde sera effacé. Il 
    n'aura jamais existé que pour moi. Amicalement
 
    Yann N.Il semble que la compréhension de l’ego soit un travail de longue haleine. 
    Si l’ego n’est qu’une identité limitée tissée entièrement par le mental qui 
    suis-je ? Comment puis-je agir. Il y a un auteur qui a traité de la question 
    d’une manière originale. Max Stirner dans « l’Unique et sa propriété », 
    rares sont les philosophes qui sont allés assez loin dans cette démarche de 
    justification de l’égoïsme et du crime, du crime au nom de moi et de moi 
    seul. Les religions, les philosophies, la société n’ont fait qu’aliéner ce 
    que je suis… Ma question est celle d’un débutant naïf : pourquoi l’ego 
    pose-t-il un problème, qu’est ce qui nous permet d’affirmer que l’ego est 
    une illusion ?
 
    Vincent PrimardJe vais me permettre ici une assertion osée mais qui peut être facilitera et 
    éclairera pour d’autres cet accès au Soi , si essentiel et pourtant si 
    problématique . La voici :le ‘’Je pense donc je suis ’’de Descartes ne 
    serait-il pas plutôt un ‘’Je pense car je suis ‘’ ?En effet, dans la 
    première proposition, la pensée apparaît comme unique preuve du ‘’je suis 
    ‘’,tandis que dans la seconde elle n’en serait qu’une parmi tant d’autres 
    possibles. Par là je veux signifier qu’un ‘’Je souffre ‘’ ou qu’un ‘’Je ris 
    ‘’,’’Je pleure ‘’,’’Je chante’’, ’’J’éternue’’… , me semblent des preuves 
    tout aussi valables que le ‘’Je pense’ ’exclusif cartésien. Car sinon, avant 
    que de penser, ne serai-je donc pas sûr d’exister ? L’important il me semble 
    est de comprendre que notre pensée n’est pas première en nous, qu’en amont 
    de celle-ci se situe le Soi , cette entité insaisissable car pure 
    Affectivité , pour reprendre cette belle idée chère à Michel Henry. Avant 
    que de devenir ‘’êtres de raison’’ ne sommes- nous pas ‘’êtres de passion’’ 
    ? Et cette Passion n’est-elle pas notre Soi, qu’on peut expérimenter dans 
    notre vie mais jamais saisir ?La Vie est un vécu avant que d’être une 
    pensée, et la pensée doit être au service de ce vécu, et non l’inverse ! 
    N’était-ce pas le but des penseurs antiques, acquérir une pensée juste pour 
    une vie belle ? Toute la beauté et la force de la philosophie me semblent se 
    condenser en cela, à savoir non pas philosopher pour le simple plaisir de 
    jongler avec des concepts, mais méditer en vue d’accéder à une vie bonne , à 
    la plénitude d’une existence éprouvée dans l’harmonie avec soi-même. La 
    pensée est fille de la Passion et, grâce à un regard sur elle-même, elle 
    peut détruire la scission qu’un Ego envahissant a instauré entre la Passion 
    et notre vie. Toute pensée renferme une parcelle de pathos, je dirai même 
    sans pathos point de pensée, car en effet la quête elle-même d’une Vérité 
    irréfutable, d’une évidence absolue telle que Descartes la voulait, ne 
    reflète-t-elle pas un certain pathos, une certaine crainte face à la vie que 
    seule peut contrer la rencontre d’une portion de Vérité ? L’essentiel me 
    semble de parvenir à être un ‘’esprit libre’’, c'est-à-dire libéré des 
    constructions mentales qui servent notre Ego, mais desservent totalement 
    notre adhésion à notre nature propre (j’emprunte ce terme à Spinoza, prince 
    des philosophes !).Une force unificatrice gît (gésir à l’infinitif !) au 
    plus profond de nous qui n’attend que notre accord pour se manifester et 
    nous faire ainsi cohérer avec le Tout. Laisser diffuser cette force de 
    cohésion entre Je et le Tout ,c’est accéder à la liberté de l’esprit et donc 
    laisser se manifester le Soi qu’un Ego tenait dans ses rets grâce à des 
    représentations toutes illusoires .
 
    Avec la participation de : Raphaëlle Delaunay, Gaëlle Jégoux, Alice Marvier, 
    Émilie Bardet, Julien Garcia, Emilie Ducasse, Sandie Miranda-Bouillaguet, Fanny Boccabara, 
    Jean D. Jean Pierre Saenz, Joseph Essa, Yann N, Vincent Primard.  
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