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La méthode de la dissertation

philosophique en quelques points principaux 
niveau 3    rappel et compléments

    Les élèves de terminales sont souvent très embarrassés devant l'épreuve de philosophie du bac. Si la méthode n'a pas été assimilée en cours d'année, ils rendent des copies qui ne correspondent pas à ce qui est attendu à l'examen. Nous proposons ici un itinéraire détaillé qui parcourt les étapes de préparation d'un devoir. Ne pas s’efforcer de tout appliquer de suite. Ne considérer d’abord que les points principaux, laisser le détail de côté. Essayer progressivement de suivre les conseils assurera une investigation complète des sujets. Avec la pratique, en suivant peu à peu les conseils, ces points principaux seront assimilés, les remarques suivantes deviendront claires et le présent texte ne servira plus que de rappel. L’important, c’est de bien se rendre compte de ses erreurs afin d’améliorer peu à peu sa manière de disserter.

    Nous ne proposons pas du tout ici une astuce universelle pour rédiger en faisant l’économie de l’étude. La méthode permet de conduire et d'élaborer une réflexion que l'on suppose par avance mûrie. Elle ne sert à rien si l'on à rien à ordonner ! On ne peut pas rédiger une dissertation "comme çà", de manière désinvolte, si l'on n'a rien à dire. Un cours et une culture sont là pour donner du corps à la réflexion, ils doivent évidemment précéder la tentative de la dissertation. La philosophie n'est pas la rhétorique. Mais pour mettre au clair les idées, avoir une vue large du sujet et entrer dans sa complexité, il faut procéder avec application et patience, c'est à dire avec méthode. C’est l’objet des conseils qui suivent

I Préparation (compter avec le plan 1 heure)

1)  Ecrire le sujet en haut d'une feuille

Au brouillon, encadrer le concept central et souligner les concepts corrélatifs.    (liste de sujets du bac)

  • Ex: "La connaissance de soi peut-elle être sincère ?"

Il faut repérer sur quoi porte le sujet, quel est son centre et aussi avec quelles notions il est mis en rapport.

2) Analyser les termes du sujet, compte tenu de l'ensemble du libellé

Prendre chaque terme et chercher sa signification. Essayer de formuler une définition générale. On s'aidera pour cela:

a) de l'étymologie si on la connaît,

b) dessynonymes possibles, tout en songeant aux nuances qui séparent les différentes valeurs impliquées dans les mots,

c) des termes apparentés avec lesquels on pourrait faire des relations,

d) del'opposé, quand le terme possède un contraire, Il est très important de ne jamais oublier le contraire, la plupart des concepts fonctionnent par paire, il sont duels. : plaisir/douleur, jour/nuit, espoir/désespoir, réussite/échec,

e) des expressions communes du langage qui utilisent le mot dans un sens assez proche du sujet.

  • Dans le sujet précédent:

    Connaissance de soi peut-être rendu à partir de l'idée d'un savoir sur soi qui serait une explication de ce que l'on est. On peut distinguer l'expression de la connaissance d'autrui ou aussi de la connaissance des choses ou connaissance du monde. Il doit y avoir des différences entre ces quatre catégories. Le langage courant nous donne des formules comme "faire le point avec soi-même", "tenter de se comprendre, ou d'y voir clair à l'égard de ce que l'on est", "prendre conscience de ses possibilités" etc.

    Sincère renvoie à la notion de sincérité, qui nous ramène à l'idée d'une franchise, d'une honnêteté dans l'expression des sentiments, d'une absence de décalage entre ce qui est dit et ce qui est effectivement ressenti. Dans la sincérité il y a loyauté, véracité et droiture, mais aussi fidélité et même parfois ingénuité. L'homme sincère s'oppose au sournois, à l'hypocrite, au dissimulé qui ne dit pas ce qu'il pense et n'affiche pas ses vrais sentiments. L'absence de sincérité est donc bien repérée par son contraire. Le langage courant nous donne beaucoup d'expressions : "dire sincèrement ce que l'on pense", "des regrets sincères: "sincèrement, je regrette ce que j'ai fait", "il a avoué en toute sincérité" etc. Voir à ce propos dans un dictionnaire analytique.

3) Rassembler les résultats de l'analyse du sujet

Prendre un peu de recul devant ce que l'on a trouvé et essayer d'en inclure l'essentiel pour effectuer une reformulation du sujet. En d'autre termes essayer de réécrire le sujet en incorporant ce que l'on a découvert. Il faut essayer de faire apparaître les implications du sujet.

Trouver aussi un fait concret, des exemples auxquels se rapporte le sujet, en choisir un et disposer ce que l'on a trouvé autour de l'exemple.

  • Dans le sujet précédent, on en viendra à une reformulation comme : Est-il possible de ne pas être fourbe, hypocrite ou menteur, d'être assez loyal, sérieux, franc, pour tenter de se voir en face pour essayer de se comprendre? Penser à l'exemple du journal intime de Gide ou à celui d'Amiel.

4) Rechercher les présupposés du sujet et son enjeu

Ensuite, il faut tirer des conséquences. Se demander : que faut-il admettre pour poser une question pareille ? Qu'est ce qui est sous-entendu dans cette question ? Classer les différents sous-entendu qui sont implicites dans la formulation même du sujet.

  • Dans le sujet précédent, la question suggère dès sa lecture un doute. On aurait envie d'ajouter: la connaissance de soi peut-elle être vraiment sincère. C'est donc que l'on considère comme acquis qu'elle fait problème, ou plutôt que l'idée selon laquelle on pourrait seul sincèrement se connaître est peut-être une illusion à laquelle il faudrait renoncer. La connaissance de soi n'est-elle pas condamnée à être non-sincère ? L'idée ici c'est qu'elle pourrait comporter une forme de complaisance qui la rendrait en fait impossible.

Mettre sur le papier ensuite l'enjeu du sujet, tel que l'on va le formuler dans l'introduction. Se demander  : qu'est-ce qui nous conduit dès lors à formuler une telle question? Le problème précis du sujet sera dégagé ici. Cette démarche revient à déterminer en fait le sens exact de la question posée. Cela revient à trouver une formulation qui complète: "Tout bien compris, au fond une telle question revient à se demander si...."

5) Rédiger l'introduction au brouillon

Nous sommes à ce stade en possession de la question qui nous a été posée. Il va s'agir maintenant de composer deux alinéas qui conduisent droit à la question posée. La structure de notre introduction sera très simple:

a) premier point de vue, conséquence : 1er moment.

b) Or (mais, cependant, pourtant... ) second point de vue, 2nd moment

c) formulation exacte de la question proposée

d) Analyse de la question

  • voici un exemple sur le sujet précédent: une introduction correcte

        "Depuis Les célèbres Confessions de Rousseau, la littérature de l'introspection nous a habitué à l'idée que la sincérité dans l'écriture de soi est un moyen de faire le point vis à vis de ce que l'on est, de tenter de mettre au clair ses doute: en bref: de mieux se connaître. L'autobiographie est un genre littéraire très prolixe. Aujourd'hui, sur Internet, une mode a lancé le journal intime offert aux lecteurs. La justification que donnent ceux qui écrivent leur Journal, c'est de pouvoir mieux se connaître en s'accordant un moment de retour sur soi.

        Or, le problème, c'est qu'on peut tout aussi bien se complaire dans ses inquiétudes ou bien se flatter et vouloir se montrer sous un jour qui est faux. De fait, peu d'écrivains ont mené de bout en bout un journal intime. Beaucoup, comme Gide, l'on arrêté en y voyant trop de complaisance. La sincérité dans la connaissance de soi peut-être assez trouble. Freud par exemple, prend le parti opposé, rejette la connaissance directe de soi en faveur d'une connaissance indirecte. Freud fait la critique de la prétention du moi à se connaître et considère l'introspection comme une illusion. Illusion que prétendue sincérité par laquelle on pourrait se connaître directement soi-même...

        Qu'en est-il donc du pouvoir réel de la sincérité ? La connaissance de soi peut-elle être sincère? Cette question signifie donc que l’on précise la portée de la lucidité, que l’on montre si oui ou non la conscience peut atteindre à une certaine transparence."

                "Depuis Les célèbres Confessions de Rousseau, la littérature de l'introspection nous a habitué à l'idée que la sincérité dans l'écriture de soi est un moyen de faire le point vis à vis de ce que l'on est, de tenter de mettre au clair ses doute: en bref: de mieux se connaître. L'autobiographie est un genre littéraire très prolixe. Aujourd'hui, sur Internet, une mode a lancé le journal intime offert aux lecteurs. La justification que donnent ceux qui écrivent leur Journal, c'est de pouvoir mieux se connaître en s'accordant un moment de retour sur soi.

    Qu'en est-il donc du pouvoir réel de la sincérité ? La connaissance de soi peut-elle être sincère? Cette question signifie donc que l’on précise la portée de la lucidité, que l’on montre si oui ou non la conscience peut atteindre à une certaine transparence.".

Cela ne va pas, parce quele problème n'est pas posé, la question arrive et n'a pas été transformée en problème. Cette erreur est fréquente au bac. Ne la faîtes pas, soignez votre introduction. Vous devez embarrasser le lecteur qui doit sentir que c'est un vrai problème et pas une simple question.

6) Quelques types courants d'introductions en fonction des sujets

La meilleure des introduction est celle qui se dégage directement de l'analyse de la question posée. On se dit "je vais d'abord traiter ceci, puis cela, ce qui me permettra enfin de poser le problème." Cela va de soi. Il faut proscrire toute démarche formelle. L'exercice de l'introduction n'est pas à prendre à la légère. Cependant, suivant les sujets, en relation avec le problème qu'il posent, on se retrouve dans plusieurs cas de figure assez fréquents:

a) mise en cause de l'opinion commune

On part d'un mythe très répandu, qui imprègne la pensée commune, puis on émet une critique qui porte la contradiction, enfin on vient au sujet.

  • Par exemple, sur un sujet portant sur le désir, on remarquera que l'on pense d'ordinaire que c'est la satisfaction de multiples désirs qui apportent le bonheur, si bien qu’à la limite, le bonheur et la consommation, sont une seule et même chose. Mais est-ce bien vrai ? N'est-ce pas plutôt quand on modère ses désirs que l'on se donne une vie heureuse parce qu'équilibrée ?

b) relativisation culturelle d'une évidence

On prend une idée couramment admise dans notre société, on la développe, puis on montre que dans d'autres contextes, il en serait tout à fait autrement ; aussi l'évidence prétendue de l'idée n'a-t-elle pas de fondement solide. Par exemple :

  • Selon la sociologie de la mort, nous vivons en Occident la mort sur un refus désespéré et la compréhension de la mort comme une tragédie, une agression contre la vie, mais chez des peuples africain, la mort n'est pas ressentie de manière aussi tragique, elle est fêtée dignement.

c) Relativisation historique d'une évidence

Approche semblable à la précédente, mais au lieu de considérer la dimension de l'espace, on considère les coordonnées du temps.. Ainsi, on part d'une conception que nous croyons admise dans notre société comme une sorte d’évidence intemporelle. Nous croyons que beaucoup de nos opinions vont de soi. Pourtant, dans un autre contexte historique, il en était tout à fait autrement. D'où la mise en cause de notre prétendue évidence. Exemple:

  • On considère que le temps linéaire est la représentation la plus évidente du temps. Nous vivons encore largement sur le mythe d'un progrès à l'infini, le progrès des sciences et de la technique. Nous aimons cette idée que nous évoluons sur une ligne droite, cela nous donne par ailleurs le sentiment d'une supériorité par rapport aux temps qui nous ont précédé. Cependant, ce concept du temps est très tardif. Les traditions anciennes partent d'une représentation circulaire du Temps. Le temps se meut en cercle dit Platon. La Nature travaille par cycles. La cosmologie contemporaine revient très aisément à cette idée. N'est-ce pas une naïveté de raisonner à partir d'une représentation linéaire du temps ?

d) Formulation d'un paradoxe

Cette méthode consiste à partir d'une idée admise, puis à montrer quels en sont les conséquences prévisibles vers les faits. Ensuite, on mentionne un autre fait qui contredit complètement les conséquences normalement attendues, faisant naître le paradoxe. C'est l'approche la plus habile. Par exemple:

  • Autrefois, dans une société moins libre, les mariages étaient arrangés par les familles, et ne correspondait donc pas à un voeux des conjoints. Il semble dès lors logique que de telles unions ne pouvaient être stables et engendraient d'elles-mêmes une insatisfaction dans la vie de couple et une vie malheureuse. A partir du moment où dans la société les moeurs se libèrent, chacun peut donc librement choisir celui ou celle qui sera sa compagne et cela permet à chacun de préparer son bonheur. De là résulte nécessairement que de telles unions, librement choisies et consenties, auront un caractère plus stable et garant de fidélité.

    Mais qu'observons-nous en fait? Jamais le divorce n'a été aussi fréquent qu'aujourd'hui où un enfant sur deux au collège a des parents divorcés! Jamais les relations n'ont été aussi instables et les situations plus conflictuelles. Est-ce à dire que la liberté laissée en société rend pas pour autant les gens heureux?

Remarque : il faut ajouter un conseil général : il est pertinent de se donner pour objectif de définir les termes du sujet dès l'introduction. cependant, il ne faut pas pour autant que l'introduction ne soit qu'une liste de définitions. Il faut qu'elle pose un problème, sinon ce n'est plus une introduction. Si vous arrivez à faire les deux, parfait. Ce qui est aussi très utile, c'est partir d'un fait qui porte exactement sur le sujet. Par exemple, dès la première ligne, sur un sujet sur le pouvoir, mentionner les révolutions arabes et leur impact. 

II Elaboration du plan

7)   Etudier la forme de la question posée

      Avant de se lancer dans un plan, et pour trouver la meilleure manière de traiter le sujet, il faut réfléchir à la façon dont est posée la question, à sa formulation littérale. Trois solutions possibles :

a) soit c'est une question en réponse par oui/non

       Dans ce cas de figure, il faudra prendre soin de ne négliger ni le oui ni le non. Une étude qui charge trop d'un côté sans rendre justice à l’autre est trop partiale et risque fort d'être incomplète. Cela ne veut pas dire qu'il faille bâtir le devoir en thèse antithèse, ce qui est assez pauvre. Cela signifie qu'il faudra examiner l'ambiguïté dans les choses-mêmes.

  • Exemples : Peut-on concevoir une perception désintéressée?
    Le recours à l'inconscient autorise-t-il l'alibi de l'inconscience?

b) soit une réponse en alternative

   Il faut ici faire une remarque semblable à ce qui précède avec une insistance plus grande. Dans une alternative, un choix brutal est imposé, on considère dans la formulation même sur sujet qu'il y a un dilemme qui impose un choix. Celui-ci doit effectivement apparaître dans la copie, faute de quoi justement le sujet n'aurait guère de sens. Là aussi, il serait maladroit de bâtir le devoir en thèse antithèse. Mieux vaut se mettre à la recherche d'un point de vue précis pour examiner les raisons qui nous font pencher d'un côté, voir de quel point de vue nous pouvons pencher de l'autre côté. Il est bon que le dilemme demeure inquiétant tout au long du devoir

  • Exemple: L'espace est-il subjectif ou objectif?

c) soit une réponse ouverte

   La voie est libre dans ce genre de sujet, aucune orientation n'est prédonnée. Cela laisse la possibilité de se lancer dans toutes les directions et d'oublier des aspects importants du sujet. Il est indispensable de recenser les domaines d'application du sujet. Peut-être sera-t-on conduit alors à hiérarchiser les valeurs. Prendre garde ici à l'énumération sans fin. Le mieux est d’opérer une classification précise.

  • Exemple: Que faut-il respecter?

8) Déterminer quelles sont les exigences à respecter dans le plan

    Reprendre la question posée et les réflexions qui la suivent à la fin de notre introduction. Le plan doit se déduire de cette question, tout en nous imposant, pour résoudre le problème, des priorités. C'est le moment où on se dit: "Il faudra que je traite de cet aspect, de celui-ci etc.". Les remarques suivantes peuvent aider :

  a) Faut-il effectuer une analyse d'un concept?

C'est le cas quand le sujet est particulièrement centré sur une notion.

  • Exemple: Qu'est-ce que l'inhumain?

  b) Faut-il déterminer des rapports?

- une distinction de nature ou une distinction de degré

- un privilège d'une notion sur l'autre

- une interdépendance

- un rapport de causalité

- un rapport du tout à la partie

- un rapport de moyen à fin

- un rapport de genre à espèce

- un rapport de principe à conséquence

  • Exemples :

    L'existence de la logique dément-elle la liberté de l'esprit?

    Peut-on parler d'une morale scientifique?
    Existe-t-il une pensée sans langage?

  c) Faut-il mener une discussion au cours du devoir ?

Le cas où le sujet nous place d'emblée dans une polémique dans l'air du temps qui oppose des thèses connues.

  • Exemple: Peut-on accorder le déterminisme, postulat de la science, avec la liberté, fondement de la morale?

9) Examiner le mode de démonstration à choisir en fonction de la thèse que l'on veut soutenir et du public auquel on s'adresse

   Dans le contexte d'un concours, d'une soutenance, il faut savoir présenter ses thèses de manière convaincante. Il y a des manières de procéder qui sont adroites, d'autres qui sont maladroites. Ce point est en rapport avec l'idée qui servira de fil conducteur, ce qui est essentiel sur la question qui nous est posée, là même où vous voulez en venir, par rapport à ce qui est plus secondaire. Trois situations peuvent se présenter :

a) La thèse soutenue est couramment admise

Dans ce cas, nous prenons un parti qui n'a rien de provocateur sur une question donnée. Il est bon de suivre alors un plan classique:

    1) exposer la thèse avec tous ses arguments,

    2) examiner les difficultés qu'elle soulève,

    3) montrer quelle peut encore être maintenue si elle est élargie, elle peut rester valide.

b) Deux points de vue opposées semblent s'imposer simultanément à l'esprit

La discussion nous met ici en présence de deux assertions qui semblent également valables, mais avec une justification et à partir de points de vue qui sont différents. La démarche consistera alors à :

    1) Exposer la première assertion avec toutes ses raisons

    2) Exposer la seconde assertion avec ses raisons

    3) Montrer enfin qu'en réalité la contradiction n'est qu'apparente, et que l'on peut concilier les deux thèse en montrant qu'elles ne se situent pas sur le même plan.

c) La thèse soutenue est assez polémique

Si la thèse qui s'impose a un côté provoquant et critique, mais que pourtant sa clarté s'impose à la réflexion. Dans ce cas:

    1) Exposer la thèse adverse, le point de vue discutable que l'on a l'intention de critiquer

    2) Faire une critique en règle, bien argumentée

    3) apporter en solution la thèse que l'on veut soutenir et qui s'impose, même si elle a en apparence un caractère provoquant.

10)  Faire le plan par écrit en trois questions

Trouver trois questions qui chacune ouvriront une partie du devoir . On va de la question la plus élémentaire, vers la question la plus essentielle. Il ne faut pas que la dernière répète la question du sujet.

Sur une feuille, placer à distance égale les question qui gouverneront chacune des parties. La règle est: une question précise pour chaque partie, afin de lancer la réflexion sur un point de vue sur le sujet. Ces questions se sont déjà imposées auparavant en étudiant le sujet

Ne jamais perdre de vue l'idée que l'on va du banal vers le génial, de l'élémentaire vers l'essentiel. Il doit y avoir une progression logique du devoir. Si on peut inverser deux parties, c'est que le plan est mauvais.

Exemples pour le sujet précédent:

I. Que signifie l'expression connaissance de soi?

II. Qu'est-ce qui rend difficile une sincérité vis-à-vis de soi-même?

III. Doit-on, si la sincérité est un exercice difficile, lui préférer une approche de soi indirecte?

11)  Poser les éléments d'une argumentation

Après chaque question, mettre sur le brouillon du plan des éléments pour permettre l'analyse.

Pourront y figurer:

a) un exemple précis au moins par partie du devoir. Il peut-être emprunté à la littérature, comme modèle d'une analyse que l'on veut conduire Il peut-être tiré des faits d'actualité ou de l’histoire. Dans nos exemple, le journal intime d'Amiel, les confessions de Rousseau.

b) une expérience phénoménologique  Le sujet peut relever d'une analyse phénoménologique dans laquelle nous pouvons nous impliquer pour la décrire. L'expérience de l'envie dans un sujet sur le désir. Ici l'examen de conscience que je ferais sur le papier.

b) des analyses du langage courant Reprise des recherches précédentes, il s'agit de bien sentir la présence d'une question dans la vie quotidienne et de montrer que le sens commun repère certaines idées qui sont essentielles.

c) des thèses empruntées à des philosophes.  On peut ainsi reconstruire soigneusement la théorie de tels auteur sur tel surjet et l'appliquer au problème qui nous occupe dans le devoir. Ne jamais citer en l'air. Développer les raisons. Une citation doit pouvoir s'enlever du devoir sans que cela porter préjudice à la continuité de la réflexion. Ne jamais faire référence à des "opinions" de philosophes, mais à des thèses de philosophes. Une idée doit avoir sa justification argumentée. sur le sujet précédent, il serait bien vu de recourir à Sartre, à Freud. Voir aussi les textes sur la lucidité de Krishnamurti dans De la connaissance de soi.

d) des connaissances d'ordre scientifique. Élément valide pour les sujets qui ont une référence à des théories en cours, que ce soit dans les sciences de la Nature ou dans les sciences humaines.

Il va de soi, bien sûr, que l'élève s'appuiera sur sa culture personnelle et sa maîtrise du cours du professeur

Se servir de l'anthologie de textes donnée en terminale.

 Chercher une bibliographie traitant directement du sujet.

Sur Internet, vous pouvez aussi trouver une information utile. Il ne faudra jamais recopier textuellement, mais reprendre à son compte ce qui nous semble juste.

 

III Rédaction (compter les heures suivantes de l’épreuve)

Une fois en possession d'un plan détaillé, on se lance dans la rédaction.

12) Recopier l'introduction faite au brouillon

    Essayer d'améliorer la formulation. Une bonne introduction est courte, directe, incisive. Elle pose très nettement le problème du sujet en laissant le lecteur dans l'embarras. Il n'est pas du tout nécessaire de donner un plan. Cela brise le suspens de la lecture ! Le correcteur n'a pas envie de lire trois fois la même chose (annonce en introduction, développement et répétition en conclusion). Ce qu'il faut par contre bien faire, c'est 1° poser le problème, 2° donner le sujet, 3° expliciter ensuite le sens de la question posée.

13) Rédiger le corps du devoir

   Garder près de soi le plan avec ses notes. Cela suffit. Après l'introduction donc, poser la première question, puis s'engager dans un raisonnement que l'on ne lâchera pas avant la dernière ligne du devoir. Le fil du raisonnement ne doit pas être perdu.

14) Pendant la rédaction, garder à l'esprit les conseils suivants :

a) au cours du devoir tous les termes du sujet devront être définis.

b) Ne pas avancer en l'air des affirmations sans prouver. Mieux vaut toujours procéder de façon analytique, partir d'un exemple etdégager une idée que l'inverse, affirmer et chercher ensuite des faits pour se justifier.

c) Se garder de toute dérive en gardant bien à l'esprit le problème posé. Se méfier des associations d'idées. Rester mobilisé par la problématique du sujet. On ne doit pas dériver vers une exposé de cours.

d) Ne pas se borner à accumuler des exemples, cela ne fait pas une réflexion. Si la pensée ne dégage pas l'essentiel de ce qu'un seul exemple peut exprimer, on s'égare dans des anecdotes.

c) Inversement, les généralités creuses, les grands principes qui restent dans le vague le plus complet, sans enracinement dans le réel ne font pas non plus une réflexion solide. Il faut des points d'ancrage dans les choses-mêmes. Il faut que l'on sente le pathétique de chaque sujet. Quelques exemples bien choisit font cet ancrage dans le réel.

d) Considérer que l'on fait de la recherche sur un problème philosophique. Nous partons à la découverte des choses-mêmes, pour mieux comprendre la difficulté qui nous est proposée.

e) Il est parfois pertinent de dresser un portrait du type qui incarne le thème qui est en cause. Par exemple sur la sincérité, le portrait de l'homme sincère.

f Il est bon, pour relancer sa propre pensée quand elle est un peu en panne, pour stimuler le lecteur, de poser une question, dans le cours même de la réflexion.

15) Soigner les transitions

Le lecteur doit sentir qu'il y a nécessité de passer à une autre partie, pour que l'investigation soit complète. Souvent, cette nécessité se dégage de l'insuffisance du point de vue qui a été développé dans la partie précédente. On ne devrait pas pouvoir déplacer les parties arbitrairement, ni se demander pourquoi tout d'un coup on passe à autre chose. La transition se fait soit au début de la partie qui suit, soit à la fin de la partie précédente.

16) Rédiger la conclusion

Reprendre les notes pour une conclusion  préparée au brouillon est essayer d'améliorer la formulation. Il est bon de revenir directement à la question posée. Exemple :

    "Nous nous demandions si la connaissance de soi peut-être sincère, il nous apparaît maintenant que..."

C'est dans l'introduction que l'on donne ce qui nous semble la meilleure des réponses à apporter à la question posée, celle qui semble la plus complète, la plus juste, la plus raisonnable. Essayer de finir en beauté. Penser que la conclusion est la dernière impression que vous laissez au correcteur. Il est bon de conclure dans une élévation de la pensée ou une ouverture vers une autre question que l'on pourrait ensuite se poser, sans que cela remette en cause les acquis du devoir.

17) Tout relire dans le détail

Chasser les fautes d'orthographe, vérifier la ponctuation. Couper des phrases trop longues. Attention aux excès des effaceurs qui délavent complètement l'écriture.

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Vous avez compris la méthode? Le mieux, c'est de lire une copie modèle pour voir ce qui est attendu au et comment les exigences posées ici ont été satisfaite.