Textes philosophiques

Alain     Le plaisir et l'action


   Aristote dit cette chose étonnante, que le vrai musicien est celui qui se plait à la musique, et le vrai politique celui qui se plait à la politique. »Les plaisirs, dit-il, sont les signes des puissances ». Cette parole retentit par la perfection des termes qui nous emportent hors de la doctrine et si l’on veut comprendre cet étonnant génie, tant de fois et si vainement renié, c’est ici qu’il faut regarder. Le signe du progrès véritable en toute action est le plaisir qu’on sait y prendre. D’où l'on voit que le travail est la seule chose délicieuse, et qui suffit. J’entends travail libre, effet de puissance à la fois source de puissance. Encore une fois, non point subir, mais agir. Chacun a vu de ces maçons qui se construisent une maisonnette à temps perdu. Il faut les voir choisir chaque pierre. Ce plaisir est dans tout métier car l’ouvrier invente et apprend toujours. Mais outre que la perfection mécanique apporte l’ennui, c’est un grand désordre aussi quand l’ouvrier n’a point de part à l’œuvre et tous recommence sans posséder ce qu’il fait, sans en user pour apprendre encore. Au contraire, la suite des travaux et l’ouvre promesse d’œuvre est ce qui fait le bonheur du paysan, j’entends libre et maître chez lui. Toutefois il y a grande rumeur de tous contre ces bonheurs qui coûtent tant de peine et toujours par la funeste idée d’un bonheur reçu que l’on goûterait. Car c’est la peine qui est bonne, comme Diogène dirait ; Mais l’esprit ne se plait point à porter cette contradiction ; il faut qu’il la surmonte et, encore une fois, qu’il fasse plaisir de réflexion de cette peine là.

Indications de lecture :

voir la leçon La recherche sur bonheur, commentaire d'Aristote.

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