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Textes philosophiquesAristote les conditions de vie font-elles le bonheur?"Cependant il apparaît nettement qu’on doit faire aussi entrer en ligne de compte les biens extérieurs, ainsi que nous l’avons dit, car il est impossible, ou du moins malaisé, d’accomplir les bonnes actions quand on est dépourvu de ressources pour y faire face. En effet, dans un grand nombre de nos actions, nous faisons intervenir à titre d’instruments les amis ou la richesse, ou l’influence politique ; et, d’autre part, l’absence de certains avantages gâte la félicité : c’est le cas, par exemple, pour la noblesse de race, une heureuse progéniture, la beauté physique. On n’est pas, en effet, complètement heureux si on a un aspect disgracieux, si on est d’une basse extraction ou si on vit seul et sans enfants ; et, pis encore sans doute, si on a des enfants ou des amis perdus de vices, ou si enfin, alors qu’ils étaient vertueux, la mort nous les a enlevés. Ainsi donc que nous l’avons dit, il semble que le bonheur ait besoin, comme condition supplémentaire, d’une prospérité de ce genre ; de là vient que certains mettent au même rang que le bonheur, la fortune favorable, alors que d’autres l’identifient à la vertu". Ethique à Nicomaque, I, 9 "Mais le sage aura aussi besoin de la prospérité extérieure, puisqu’il est un homme : car la nature humaine ne se suffit pas pleinement à elle-même pour l’exercice de la contemplation, mais il faut aussi que le corps soit en bonne santé, qu’il reçoive de la nourriture et tous autres soins. Cependant, s’il n’est pas possible sans l’aide de biens extérieurs d’être parfaitement heureux, on ne doit pas s’imaginer pour autant que l’homme aura besoin de choses nombreuses et importantes pour être heureux : ce n’est pas, en effet, dans un excès d’abondance que résident la pleine suffisance et l’action, et on peut, sans posséder l’empire de la terre et de la mer, accomplir de nobles actions, car même avec des moyens médiocres on sera capable d’agir selon la vertu". Ethique à Nicomaque, X, 9 Indications de lecture:Au fond le premier texte en reste à des considérations banales et très limitatives, on est évidemment plus à l'aise avec des conditions de vie qui sont meilleures et avec des biens extérieurs. Mais les biens extérieurs même accumulés n'ont jamais fait le bonheur. Ils procurent des conditions de vie satisfaisantes. Un point c'est tout. Le bonheur c'est tout à fait différent. C'est un état de conscience en réalité sans conditions. Le second texte corrige un peu le premier en marquant l'importance de la simplicité. Voir La recherche du bonheur et La joie sans objet. Le cours réfute ces thèses, il faut effectivement différencier la fortune favorable, le bonheur et la vertu.
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