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Textes philosophiquesJean-Claude Guillebaud la postmodernité prise au mot"1) la postmodernité des années 70 est maintenant prise au mot; 2) l'humanisme, tel que le critiquait Heidegger, entreprend désormais de s'auto-dévorer. .. Que la postmodernité soit prise au mot, c'est ce que suggère avec pertinence Jean-Pierre Dupuy... il nous rappelle qu'il s'agissait... de prophétiser la disparition de l'homme au profit du "structurel" ou du "mécanique"... Cette pensée de la déconstruction prenant acte abstraitement (frivolement?) de la disparition de l'homme se trouva satisfaite -au-delà même de ses hypothèses- par la cybernétique naissance, puis par toutes les biosciences qui lui firent cortège jusqu'à aujourd'hui... L'assimilation de l'homme à un ordinateur, puis la réduction du vivant à une simple combinaison moléculaire vinrent accoucher en quelque sorte cette pensée de son antihumanisme théorique. Non seulement accoucher, mais mettre en pratique. Pour de bon. Comme si, à tous les théoriciens de la mort de l'homme, la technoscience avait fini par répondre : chiche! Il y a dans cet accomplissement non programmé du nihilisme postmoderne quelque chose de troublant. On peut y réagir de deux façon opposées; en tirer deux conclusions contraires. Soit le considérer comme une vérification expérimentale et y consentir vaille que vaille - on conclura alors que l'homme n'était qu'une hypothèse non nécessaire, etc. Mais on peut juger, à l'inverse, qu'une pensée humaine qui prépare ainsi, puis organise sa propre disparition n'appartient tout simplement pas à la catégorie du raisonnable,qu'elle est rétrospectivement invalidée par ses propres conclusions. Peut-être même ridiculisée par l'Histoire en marche". Le Principe Humanité, p. 305-306. Indications de lecture:Voir Le statut des sciences humaines. Noter que les conclusions qui émergent des leçons du site sont très différentes et ne se rangent par dans les deux catégories énoncée à la fin du texte. Sur le nihilisme, voir Philosophie de la Morale.
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