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Textes philosophiquesJean-Marie Muller la règle d'orJésus affirme que l'exigence essentielle à laquelle se résume la Loi et les Prophètes est tout entière contenu dans la règle d'or : "tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux: voilà la Loi et les Prophètes".(Mt 7, 12; cf. également Lc 6, 31). Cette règle d'or se trouve dans toutes les traditions sapientiales, mais elle est généralement énoncée de manière négative. Cinq siècles auparavant, dans ses Entretiens philosophiques, Confucius énonce à plusieurs reprises la règle d'or à laquelle doivent se conformer toute leur vie ceux qui veulent acquérir la vertu d'humanité : "Ce que vous ne voulez pas que les autres vous fasse, ne le faites pas aux autres" . Tobie formule également la règle d'or de manière négative: "Ne fais à personne ce que tu n'aimerais pas subir" (Tb 4, 15). On raconte qu'un païen vint trouver Hillel, un docteur juif né à Babylone vers l'an 70 avant l'ère chrétienne, pour lui demander de lui enseigner toute la Thora pendant qu'il se tiendrait sur un pied. Hillel lui dit : "Ce que tu n'aimes pas qu'on te fasse, ne le fais pas à ton prochain, telle est toute la Thora. Le reste n'est que commentaire. Va, étudie"... Il convient de souligner que la règle d'or ne conseille pas de ne pas faire de mal aux autres, pour que les autres ne nous fassent pas de mal. Il ne s'agit pas non plus de faire du bien aux autres pour que les autres agissent de même à notre égard. Non, il ne s'agit pas d'une morale utilitaire qui nous ferait agir selon notre propres intérêts, pour que nous en tirions des bénéfices. Il s'agit de ne pas faire du mal parce qu'il est mal de faire du mal. Il s'agit de faire du bien parce qu'il est bien de faire du bien. Il s'agit d'être bon à l'égard d'autrui parce que la bonté est bonne, parce qu'elle donne du sens à l'existence. La récompense de l'homme bon est cette bonté même qui le rend bien-heureux ici et maintenant, et non dans une hypothétique félicité qui serait promise dans le futur. Il s'agit de faire du bien aux autres sans attendre de retour, parce que le bien exige la pure gratuité et ne réclame aucune réciprocité. Pour l'homme spirituel, la récompense du bien ne peut être que dans le bien lui-même". Désarmer les Dieux, Éditions du Relié, p. 96-97. Indications de lecture:cf. Leçon Pouvoir religieux et pouvoir politique.
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