Textes philosophiquesPlaton le mensonge dans les discours et la nature divine de l'âme"- Tu crois sans doute que j'émets quelque oracle; or, je dis qu'être trompé en son âme sur la nature des choses, le rester et l'ignorer, accueillir et garder là l'erreur, est ce que l'on supporte le moins; et c'est surtout dans ce cas qu'on déteste le mensonge. - Et de beaucoup. - Mais, repris-je, avec la plus grande exactitude on peut appeler vrai mensonge ce que je viens de mentionner: l'ignorance où, en son âme, se trouve la personne trompée; car le mensonge dans les discours est une imitation de l'état de l'âme, une image qui se produit plus tard, et non un mensonge absolument pur, n'est-ce pas? - Certainement. - Le vrai mensonge et donc haï non seulement par les dieux, mais encore par les hommes. - Il me semble. - Mais le mensonge dans les discours? Est-il parfois utile à certains, de façon à ne pas mériter la haine? A l'égard des ennemis et de ceux que nous appelons amis, quand poussés par le fureur ou la déraison ils entreprennent quelque action mauvaise, n'est-il pas utile comme remède pour les en détourner? Et dans ces histoires dont nous parlions tout à l'heure, lorsque, ne sachant pas la vérité sur les événements du passé, nous donnons autant de vraisemblance que possible au mensonge, ne le rendons-nous pas utile? - Assurément il en est ainsi. - Mais pour laquelle de ces raisons le mensonge serait-il utile à Dieu? Est-ce l'ignorance des événement du passé qui le porterait à donner de la vraisemblance au mensonge?- Ce serait ridicule. - Il n'y a donc pas en Dieu un poète menteur? - Il ne me semble pas. - Mais alors, serai-ce la crainte de ses ennemis qui le ferait mentir? - Il s'en faut de beaucoup. - La fureur ou la déraison de ses amis? - Mais, fit-il remarquer, Dieu n'a point d'amis parmi les furieux et les insensés. - Il n'y a donc pas de raison pour que Dieu mente? - Il n'y en a pas. - Par conséquent la nature démonique et divine est tout à fait étrangère au mensonge. - Tout à fait. - Et Dieu est absolument simple et vrai, en acte et en parole; il ne change pas lui-même de forme, et ne trompe les autres ni par des fantômes, ni par des discours, ni par l'envoi de signes à l'état de veille ou en songe". La République, II, trad. Chambry, Garnier-Flammarion, p. 132-133. Indications de lecture:Voir la leçon Vie et vérité, part A et B.
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